Tumulus de François Chaignaud et Geoffroy Jourdain

Treize artistes chantent et dansent en même temps pour célébrer la mort et la vie.

Tumulus de François Chaignaud et Geoffroy Jourdain

Réaliser la fusion de la danse et de la musique, la vieille gageure est tentée par deux créateurs polymorphes toujours en mal de décloisonnement. D’un côté, le chorégraphe-chanteur-danseur François Chaignaud et de l’autre le musicien Geoffroy Jourdain, chef de chœur et d’orchestre, créateur de l’ensemble vocal et instrumental « Les Cris de Paris ». Plus satisfaisant sur le plan de la musique que sur celui de la danse, leur spectacle intitulé Tumulus, est donné à Paris, à La Villette, dans le cadre du Festival d’Automne.

La pièce rassemble treize servants pour un rituel qui célèbre les absents en exaltant la vie dans un mélange de sacralité et de truculence. Ils forment une procession infinie de corps chantants et dansants sur, autour et dans un tumulus, tentant de donner corps à une utopie du mouvement permanent. Avec leurs doigts pour donner le branle et pour le rythme quelques petites percussions.

Le respect et le jeu

L’inspiration est partie de ces tombes anciennes témoins de cultures depuis longtemps disparues comme les Etrusques, surmontées d’un tertre de terre ou de pierre sur lequel la végétation a repris ces droits. Le tumulus dont il est question ici tient plutôt de la sculpture, il occupe presque toute la scène, sorte de rocher qui affleure en partie couvert de lichens, avec ses aspérités, ses rondeurs et ses orifices qui le font ressembler au naseau d’un énorme animal. Les danseurs-chanteurs l’entourent, s’y hissent, s’y laissent glisser ou s’y cachent, comme un totem inspirant autant le respect que le jeu.

Les musiques choisies sont toujours collectives, échappant à l’unisson et à la hiérarchie entre les lignes mélodiques. Des œuvres qui célèbrent l’absence, avec en commun une inspiration spirituelle, rituelle ou non, en rapport avec la consolation et le deuil. Très vaste, le répertoire de chants polyphoniques a capella, franco-flamands, italiens, anglais et allemands, court de la Renaissance (Josquin Desprez, Jean Richafort) jusqu’au XXème siècle (Claude Vivier et sa Musik für das Ende (1971) donné ici pour la première fois) en passant par les XVIIème et XVIIIème siècles (William Byrd, Antonio Lotti).

Très imaginatifs, les costumes de Romain Brau, particulièrement les chapeaux, participent de la fantasmagorie. De même les éclairages, très soignés, contribuent à l’envoûtement de ce bal des fantômes vivants oscillant entre le grotesque et le sublime.

Tumulus, jusqu’au 27 novembre à la Villette, www.lavillette.com
Chorégraphie : François Chaignaud. Direction musicale : Geoffroy Jourdain. Assistant : Anna Chirescu. Assistant à la direction musicale : Louis Gal. Dramaturgie : Baudouin Woehl. Scénographie : Mathieu Lorry-Dupuy. Lumière : Philippe Gladieux, Anthony Merlaud. Costumes : Romain Brau
Avec Simon Bailly, Mario Barrantes-Espinoza , Florence Gengoul, Myriam Jarmache, Evann Loget-Raymond, Marie Picaut, Alan Picol, Antoine Roux-Briffaud, Vivien Simon, Maryfé Singy, Ryan Veillet, Aure Wachter, Daniel Wendler.

Photo : Christophe Raynaud de Lage

A propos de l'auteur
Noël Tinazzi
Noël Tinazzi

Après des études classiques de lettres (hypokhâgne et khâgne, licence) en ma bonne ville natale de Nancy, j’ai bifurqué vers le journalisme. Non sans avoir pris goût au spectacle vivant au Festival du théâtre universitaire, aux grandes heures de sa...

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