Une histoire d’amour d’Alexis Michalik
Absence d’épaisseur
Ce qu’on aime chez Alexis Michalik, c’est l’inattendu et le complexe. Le Porteur d’histoire, Le Cercle des illusionnistes, Intra muros, c’est construit avec l’esprit de l’escalier : un dédale peut en cacher un autre. Edmond, c’est un récit de la création de Cyrano de Bergerac de Rostand, mais c’est un jeu où tout est à la fois peu et vrai. Autrement dit, il n’y a jamais un seul degré. Seulement voilà, avec la dernière pièce, Une histoire d’amour, tout s’aplatit. C’est linéaire, sans épaisseur. Comme un scénario dont on n’aurait écrit que la trame et dont on aurait abandonné les arrière-plans.
Deux femmes s’éprennent l’une de l’autre. L’une a été mariée, l’autre n’a jamais aimé que les femmes. Elles décident d’avoir un enfant par insémination artificielle. Un bébé naît mais celle qui tenait à la création d’une cellule familiale s’en va brutalement pour reprendre une vie hétérosexuelle et faire des enfants ailleurs. Beaucoup plus tard, la femme délaissée apprend qu’elle va mourir d’un cancer. Quel tuteur trouver pour l’enfant ?
On peut sans doute trouver un minimum d’intérêt dans la façon qu’a Michalik de représenter ce qu’on n’évoque pas souvent au théâtre : l’insémination, le monde médical. Mais rien n’est travaillé, doté de profondeur. Même l’amusante idée de faire chanter une chanson d’Aznavour (Et pourtant) à toute l’équipe est mise en scène comme on met en place un camp de scout. Quand on se laisse aller ainsi en roue libre, n’est-on pas passé sur le versant de la route descendante ?
Une histoire d’amour d’Alexis Michalik, mis en scène par l’auteur, assistanat de Ysmahane Yaqini, décor de Juliette Azzopardi, costumes de Marion Rebamann, lumières d’Arnaud Jung, vidéo de Mathias Delfau, son de Pierre-Antoine Durand, chorégaphie de Fauve Hautot, avec Pauline Bresson, Juliette Delacroix, Alexis Michalik, Marie-Camille Soyer et, en alternance, Lior Chabbat, Vilette Guillon, Amélia Lacquemant.
La Scala, tél. : 01 40 03 44 30. Prolongations jusqu’au 31 mai. (Durée : 1 h 25).
Photo François Fonty.