Concert Ravel à l’Opéra Comique

Ravel et ses promesses

Salle Favart, un concert emmené par Louis Langrée révèle les talents des membres de l’Académie de l’Opéra Comique.

Ravel et ses promesses

QUEL BONHEUR DE GOÛTER de près, dans un lieu intime comme la Salle Favart, les chatoiements de Ma Mère l’Oye, les percussions de Laideronnette, la clarinette de la Belle (et le contrebasson de la Bête), même si on aimerait entendre un peu plus souvent le ballet intégral que Ravel a mis au point à partir des épisodes de sa suite d’orchestre !

Mais si l’Orchestre de chambre de Paris est à son affaire sous la direction de Louis Langrée, l’intérêt de la soirée organisée le 23 mars se situe ailleurs : il s’agit d’entendre plusieurs des jeunes voix de l’Académie de l’Opéra Comique dont on espère, évidemment, qu’elles seront les grandes voix de demain. Rappelons que cette Académie, lancée en 2023, a pour vocation de promouvoir, auprès des jeunes talents, le genre de l’opéra-comique, lequel, comme son nom l’indique, mêle le chant et la comédie, et donc exige de marier l’interprétation musicale et l’intelligence du jeu scénique. Les jeunes artistes bénéficient pendant dix mois continus de la mise à disposition de lieux de répétition et de studios de travail individuels, de séances de formations avec des artistes et des professionnels des métiers du spectacle vivant, et de la possibilité de se produire dans des productions lyriques, des récitals ou des concerts comme ce soir.

Parodies avec orchestre

Pour ce faire, et en écho aux représentations de L’Heure espagnole dans la même salle, trois recueils de mélodies de Ravel étaient inscrites au programme : les Cinq mélodies populaires grecques et les Histoires naturelles, données dans leur version avec orchestre, les Chansons madécasses ne convoquant qu’une flûte (Marina Chamot-Leguay), un violoncelle (Benoît Grenet) et un piano (Héloïse Bertrand-Oléari). L’aisance scénique et une technique vocale accomplie font déjà partie du bagage des six chanteurs réunis sur la scène. On apprécie la chaleur du timbre du ténor Abel Zamora, le naturel de Ludmilla Bouakkaz, l’élégance de Marion Vergez-Pascal (dans une page aussi riche de parodie que Le Paon), le timbre de Camille Chopin (qu’on avait déjà pu apprécier, avec Abel Zamora, dans Pulcinella, en première partie de L’Heure espagnole) et de Floriane Derthe, l’aplomb de Juliette Gauthier (qui sait rendre le comique de La Pintade, où Ravel fait intervenir une trompette on ne peut plus farceuse).

Pour achever la soirée, Héloïse Bertrand-Oléari interprétait le deuxième et le troisième mouvement du Concerto en sol : pourquoi nous avoir privés du premier ?

Illustration : les membres de l’Académie 2023-2024 de l’Opéra Comique (tous n’étaient pas sur scène le 23 mars). Photo Céline Villegas

Ravel : Ma Mère l’Oye (suite) – Cinq mélodies populaires grecquesHistoires naturellesChansons madécassesConcerto pour piano et orchestre en sol majeur (mouvements 2 et 3). Ludmilla Bouakkaz, Camille Chopin, Floriane Derthe, soprano ; Juliette Gauthier, Marion Vergez-Pascal, mezzo-soprano ; Abel Zamora, ténor ; Héloïse Bertrand-Oléari, piano ; Orchestre de chambre de Paris, dir. Louis Langrée. Opéra Comique, 23 mars 2024.

A propos de l'auteur
Christian Wasselin
Christian Wasselin

Né à Marcq-en-Barœul (ville célébrée par Aragon), Christian Wasselin se partage entre la fiction et la musicographie. On lui doit notamment plusieurs livres consacrés à Berlioz (Berlioz, les deux ailes de l’âme, Gallimard ; Berlioz ou le Voyage...

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