Pierre Barillet, la fête parisienne
Auteur avec Grédy de vaudevilles célèbres, il vient de s’éteindre, âgé de 95 ans.
- Publié par
- 11 janvier 2019
- Actualités
- Théâtre
- Disparition
- 0
L’auteur de Fleur de « Cactus » et de Folle Amanda, ou plus exactement le co-auteur, Pierre Barillet, vient de mourir, ce 8 janvier. Avec Jean-Pierre Grédy, il avait écrit certains des plus grands succès du théâtre de divertissement, à partir de 1950 : Le Don d’Adèle, Quarante Carats, Une rose au petit déjeuner, Peau de vache, Potiche, Lily et Lily (sans parler d’adaptations de comédies étrangères)… Des succès parisiens qui débouchèrent parfois sur des triomphes hollywoodiens.
On s’interrogera plus tard sur ce que représente ce théâtre facétieux, dont l’extravagance est autant celle de la grande bourgeoisie parisienne que celle de ses auteurs et qui a fait les belles heures de Paris grâce à ses interprètes ébouriffants, Sophie Desmarets, Jacqueline Maillan, Daniel Ceccaldi, Line Renaud, Jacqueline Gauthier, Danielle Darrieux, Roland Oberlin, et à ses metteurs en scène survoltés, Jacques Charon, Pierre Mondy… A l’heure présente, c’est la personnalité de Pierre Barillet qu’il importe de saluer et qui ne correspond pas à l’image boulevardière qu’on pourrait lui attribuer hâtivement. Ami de Robert Badinter, il était un intellectuel brillant dont le salon, jusqu’à ces dernières semaines, était l’un des lieux les plus animés de Paris. Dans son œuvre personnelle, écrite sans son complice Grédy, il a étudié l’histoire des grands vaudevillistes (Les Seigneurs du rire) et laissé un témoignage irremplaçable sur la vie nocturne et théâtrale de Paris sous l’occupation, A la ville comme à la scène (en ces temps troublés, on pouvait ne pas tenir compte de la guerre, mener une vie plutôt joyeuse, suivre les créations d’une salle à l’autre et rendre visite à Jean Cocteau). Il a aussi éclairé la vie de personnages oubliés, publiant une vie de Simone Simon et révélant la relation amoureuse entretenue par Radiguet et Bronia Clair (devenue l’épouse de René Clair), Le Dernier Amour de Raymond Radiguet.
Dans les années 2000, les pièces de Barillet et Grédy semblaient ne plus intéresser les directeurs de théâtre. Mais tout allait changer, empêchant Barillet d’être touché par l’amertume. François Ozon porta Potiche à l’écran et Thierry Harcourt mit en scène au Rond-Point l’une des pièces de jeunesse, L’Ombre de Stella. C’était un esprit subtil qui déclenchait les rires à la scène et promenait un sourire tendre sur la vie et sur sa ville, Paris. Il disait pour laisser entendre que ses pièces n’étaient pas toujours ce qu’on croyait et pour tenter d’échapper aux lieux communs : « Le boulevard, c’est les autres ».
Photo Images INA.