Notre adieu à Edith Scob

Une grande musicalité de l’âme et du jeu

Notre adieu à Edith Scob

Edith Scob est morte à Paris le 26 juin, âgée de 81 ans. Une immense actrice ! Pour les cinéphiles, elle sera la jeune fille étrange du film de Georges Franju,Les Yeux sans visage, qui fut un grand événement en 1959, et l’interprète de beaucoup d’autres films, jusqu’à ces dernières années. Au théâtre, elle fut aussi un personnage marquant, qui s’emparait des rôles avec une formidable intelligence et leur donnait une profondeur située dans les zones de la poésie et de l’arrière-plan mental. Silhouette frêle, visage d’oiseau, sourire d’ange, elle pouvait donner l’impression d’arriver d’un autre monde et capturait aussitôt la grâce d’une écriture et d’un univers.
Ses grands rôles auront été, notamment, La Princesse blanche de Rilke, mise en scène par Yannis Kokkos en 1987, La Mouette de Tchekhov et Le Héron d’Axionov montés en miroir par Antoine Vitez en 1984, Le Gars de Marina Tsvetaeva dans sa propre mise en scène en 1996, Déjeuner chez Wittgenstein de Thomas Bernhard mis en scène par Hans Peter Cloos en 2004. Mais comment choisir dans une carrière aussi riche, qui ne s’est jamais ralentie, puisqu’on pouvait voir Edith Scob récemment dans des mises en scène d’Anne-Marie Lazarini, Bernard Sobel, Michel Fau ou Jean-Paul Muel, être à volonté fort inquiétante ou fort plaisante ? Il faut mettre à part sa rencontre avec Philippe Minyana : une collaboration exceptionnelle, comme il y en a eu rarement entre un auteur et un interprète. Leur rencontre, sur le registre du réalisme transfiguré, donna, entre autres, le fameux Inventaires, mis en scène par Robert Cantarella, créé en 1987 et repris en 2013 au Poche-Montparnasse.
Edith Scob était mariée au compositeur George Aperghis, avec qui elle fit quelques récitals et spectacles à la musicalité toujours neuve. Elle a joué dans tous les domaines du théâtre mais elle venait de cette avant-garde-là, l’Atem de Georges Aperghis et Vincent Colin dont elle était l’une des fondatrices. Elle avait, d’ailleurs, la voix la plus musicale que peut avoir ce type d’actrice qu’on identifie autant par son timbre exceptionnel que par sa façon physique d’être au monde. Musicale dans son âme et sa palette de jeu, une immense actrice s’en est allée…

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter...

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