MACBETH de GIUSEPPE VERDI

Le moyen âge stylisé

MACBETH de GIUSEPPE VERDI

L’Opéra de Massy a mis les petits plats dans les grands pour offrir à son public cette production de l’opéra « Macbeth », en quatre actes, sans faire l’économie du ballet. La mise en scène signée Jean Louis Martinoty (1946-2016), et reprise avec grand soin par Frédérique Lombart, nous a transportés dans un Moyen Âge stylisé, grâce à la scénographie de Bernard Arnould. Le metteur en scène a traduit en gestes simples et lisibles, les sentiments extrêmes vécus par les personnages de la tragédie shakespearienne.
Il a fait des sorcières des êtres à double face et a explicité sur scène le cruel massacre des fils de Macduff, créant ainsi un climat d’inquiétude, d’agressivité et de mystère permanents, pour maintenir le spectateur en vigilance constante. Il est resté aussi fidèle à ses marottes, bien connues, en disposant ici et là sur scène des objets dont lui seul connaissait le sens précis, tels que le tambour qui sert de bureau à Lady Macbeth au second acte, ou l’arbre qui monte et descend des cintres la tête en bas.
Dans la fosse, Luciano Acocella, bon connaisseur de l’œuvre, a dirigé l’Orchestre nationale de l’Île de France avec sobriété. Les sonorités, quelque peu dures des métaux et souvent stridentes de la part des cordes, ont bien rehaussé les moments de tension -ils sont nombreux-, mais en revanche, ont quelque peu masqué les passages lyriques. En règle générale le chef a maitrisé ses musiciens, a bien accompagné les chanteurs et ne s’est jamais imposé au chœur.
André Heyboer a campé un Macbeth de très bon niveau. Sa présence physique massive, contrastait avec son expression vocale, certes virile mais très nuancée, a donné une bonne idée des doutes du personnage devant l’assassinat du roi. Le baryton s’est montré soumis aux injonctions péremptoires de son épouse modulant sa voix en conformité avec ses dires. Son émission généreuse et sa diction claire, ont rendu parfaitement compréhensibles les textes chantés. Il a aussi rendu les récitatifs de la meilleure manière possible et a profité de chaque air pour mettre en avant sa maîtrise du legato, nous faisant vivre des moments d’émotion spécifiquement verdienne. La soprano Alex Panda dans le rôle de Lady Macbeth a certainement fait preuve d’autorité en poussant son mari à l’assassinat. Vocalement a régné sans partage, en justesse et en volume, dans l’aigu forte, dépassant l’orchestre, les chœurs et le reste des solistes, mais elle a montré beaucoup de difficultés dans les registres intermédiaires et a été pratiquement inaudible dans les notes graves. Heureusement la soprano a bien réussi son air final, qu’elle avait manifestement bien préparé.
Dario Russo a fait une excellente performance dans le rôle de Banquo. Il a maîtrisé le registre grave et a émis avec un timbre élégant et de grande clarté. On peut situer Marco Cammarota -Macduff- pratiquement au même niveau vocal et dramatique. Kévin Amiel, l’artiste qui a incarné le personnage de Malcolm, aurait mérité un rôle plus étendu. Charlotte Despaux, s’est montrée très à l’aise dans le rôle de dame d’honneur.
Le Chœur de l’opéra de Massy, le Coro Lirico Siciliano et la Maîtrise des Hauts de Seine, sous la direction de David Zobel, ont été bien présents à chaque occasion requise, aussi bien du point de vue dramatique que vocal. Ils ont donné une version grandiose du morceau « La patria tradita… ».

« Macbeth » Opéra en quatre actes de Giuseppe Verdi. Livret de Francesco Maria Piave et Andrea Maeffei, d’après la tragédie homonyme de William Shakespeare. Production Opéra national de Nancy. Mise en scène de Jean Louis Martinoty réalisée par Frédérique Lombard. Décors de Benoît Arnould. Costumes de Daniel Ogier. Orchestre national d’Île de France. Chœur de l’opéra de Massy, Coro Lirico Siciliano, Maîtrise des Hauts de Seine. Direction musicale Luciano Acocella. Chanteurs : André Heyboer, Alex Penda, Dario Russo, Marco Cammarota, Kévin Amiel, Charlotte Despaux.
Opéra de Massy
www.opera-massy.com
Opéra de Massy
1, place de France
91300 Massy

Réservations : +33 (0)1 60 13 13 13
Photos : Christian Badeuil/MPC

A propos de l'auteur
Jaime Estapà i Argemí
Jaime Estapà i Argemí

Je suis venu en France en 1966 diplômé de l’Ecole d’Ingénieurs Industriels de Barcelone pour travailler à la recherche opérationnelle au CERA (Centre d’études et recherches en automatismes) à Villacoublay puis chez Thomson Automatismes à Chatou. En même...

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook