La mort de Gérard-Henri Durand
Homme de théâtre, écrivain et journaliste
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- 13 août 2019
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Nous venons d’apprendre la mort de notre confrère Gérard-Henri Durand, survenue le 10 août. Nous l’appelons confrère car il fut journaliste et producteur à France Culture, où il anima notamment une émission sur le théâtre très suivie, Le Quatrième Coup, au cours des décennies 90 et 2000. Mais il était un personnage original et très actif qui eut beaucoup d’autres activités et laisse une œuvre importante. Né le 18 juillet à Autun, il eut très vite une grande relation avec la langue anglaise et le monde anglo-américain. Jeune il suivit une formation d’acteur au Workshop de l’Old Vic et joua même quelques rôles à Londres. Mais il dut répondre à l’appel de l’armée française et participer à la présence militaire en Algérie ; il y resta trois ans et connut là les pires moments de sa vie. L’horreur de cette guerre le marqua à jamais. Une fois démobilisé, il ne put reprendre sa vie normale, fut camionneur quelque temps et reprit progressivement des études, allant jusqu’à l’agrégation d’anglais. Après un séjour dans le Wyoming, il écrivit un livre fondamental sur les Amérindiens, Le Dieu Coyote. Il devint enseignant mais la passion du théâtre s’empara à nouveau de lui. Et l’on peut désormais diviser sa vie en trois chapitres : une vie de traducteur, une vie d’homme de radio et une vie tournée vers l’art dramatique. Comme traducteur, il fit les textes français d’auteurs considérables comme Vladimir Nabokov, Susan Sontag ou, plus récemment, Joan Didion. A la radio, il ne se consacra pas seulement au théâtre mais traita de littérature et fut reporter particulièrement avisé.
Au théâtre, il s’impliqua d’abord beaucoup dans le théâtre amateur, puis, dans le secteur professionnel, fit ses mises en scène et monta ses propres textes. Très engagé dans l’aventure de la Maison de la poésie et du théâtre de l’Instant de François Roy, il jouait parfois ou faisait des lectures. Ses œuvres sans doute les plus marquantes sont sa traduction de la Médée d’Euripide et ses propres pièces, Mon frère, mon amy, L’Homme qui voit, Empédocle. Au cinéma, il joue dans le film de Nobihiro Suwa, Un couple parfait.
D’une grande attention pour ceux qui collaboraient avec lui, d’une érudition impressionnante, il manque à tous ceux qui l’ont connu. Nous pensons aussi à son épouse, Viviane, et à sa fille, Anaïs, également portées et transportées par l’amour du théâtre.
Photo DR.