La mort de Denis LLorca
La scène comme un lieu de démesure
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- 19 février
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Né en 1949, Denis Llorca est mort ce 15 février. Il était étrangement oublié, comme s’il avait choisi de rester dans l’ombre après une carrière fracassante dans les années 70-90. Pourtant il faisait encore quelques mises en scène, mais en des lieux moins repérés comme le théâtre antique d’Alba-la-Romaine – dont il fut une sorte de directeur artistique - ou le théâtre du Nord-Ouest à Paris. Il tenait aussi beaucoup de rôles à l’écran. Dans cette deuxième partie de sa vie, plus obscure, Daniel Benoin lui fit jouer Arnolphe dans L’Ecole des femmes de Molière à Saint-Etienne en 1996 : sa composition fut remarquable, faite d’énergie, de violence et de douleur.
Il fut une grande figure de la mise en scène à partir de son Roméo et Juliette au théâtre de l’Ouest parisien en 1969 et tout au long de son éctatante direction du Centre théâtral de Franche-Comté à Besançon. D’une part, il créa des spectacles mémorables qui vinrent à Paris et dans les festivals, tels ses cycles Kings d’après Shakespeare en 1979 et Quatre saisons pour les chevaliers de la Table ronde en 1986 ou son adaptation des Démons de Dostoïevski, en deux soirs, avec Maria Casarès, en 1982 : ce diptyque fut repris avec succès à Avignon et Paris en 1982. D’autre part, il forma toute une génération d’acteurs : Anne Alvaro, avec qui il vécut, s’imposa d’abord sur la scène de Besançon.
II mit aussi en scène, brillamment, des opéras : Falstaff (1982), Cosi fan tutte au festival d’Aix-en-Provence (1988).
Il était le fils d’un acteur et il fut le père d’acteurs qui comptent aujourd’hui : Sarah Llorca (sa mère est Catherine Rétoré), Odja Llorca (sa mère est Anne Alvaro) et Juan Llorca. Il aimait les poètes, Claudel, Shakespeare, le lyrisme et la démesure. Rien que la liste complète des œuvres dont il se chargea avec une passion sans prudence constitue la bibliothèque des plus hauts esprits du théâtre mondial.
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