Barcelone - Gran Teatre del Liceu

FIDELIO de Ludwig van Beethoven

Hommage à la fidélité d’antan

FIDELIO de Ludwig van Beethoven

Dans la ville de Tours pendant la Révolution Française, une femme déguisée en homme réussit à sauver la vie de son mari injustement incarcéré, en pointant un pistolet sur le fonctionnaire félon qui l’accusait. Ce fait divers suscita l’intérêt de Jean-Nicolas Bouilly (1763-1842) avocat, écrivain et dramaturge qui en fit un livret « en deux actes et en prose mêlés de chants », situant l’action en Espagne à une époque imprécise. Après de nombreuses transformations, entre autres l’adjonction de personnages secondaires comme le geôlier Rocco et sa fille Marzellina (deux prénoms plutôt évocateurs de l’Italie !), ce texte a servi de base au seul opéra de Ludwig van Beethoven.

Cet opéra a été revu à plusieurs reprises par le compositeur lui-même, si bien qu’à ce jour on en conserve encore deux versions distinctes - “Fidelio” et “Leonora”- la première étant, de loin, la plus représentée scéniquement De “Leonora” on entend en revanche souvent l’ouverture en concert. Cas insolite et louable, en décembre 1997 le Théâtre des Champs Elysées à Paris avait mis au programme les deux opéras à un jour d’intervalle.

Une mise en scène linéaire avec quelques invraisemblances

La mise en scène de Jürgen Flimm nous transporte à l’époque actuelle. En témoignent les costumes conçus par Florence von Gerkan et un certain nombre d’accessoires sur la scène tels que le fer à repasser électrique, les fusils mitrailleurs, ou l’appareil photo avec flash incorporé. Le téléphone portable nous a été épargné, preuve de l’âge de la production créée par le Metropolitan de New York il y a une dizaine d’années. Les deux décors pseudo réalistes de Robert Israel, rendent une ambiance de violence et de désespoir très conforme à l’histoire. La direction des acteurs, linéaire et conventionnelle, est bien menée et facilement lisible, avec toutefois une ou deux situations quelque peu étonnantes : lorsque les prisonniers sortent de leurs cages, libérés par Léonore, ils traversent sans s’en apercevoir, la salle centrale de la prison où se trouvent entreposée, à portée de la main, une quantité importante d’armes à feu en bon état de fonctionnement. Abandonnées par les gardiens –qui sait pourquoi ?- lors des scènes précédentes.

Une distribution homogène avec une agréable surprise.

La distribution au soir de la première, avec à sa tête Karita Mattila, fut quelque peu contestée par le public ainsi que par une partie significative de la critique locale. La distribution du 22 mai fit par contre bon effet car, sans disposer de gros moyens, tous les artistes se sont exprimés avec beaucoup de cœur et une réelle envie de bien faire. Le résultat fut à la fois homogène et crédible.

Gabriele Fontana –Fidelio/Leonora- a soutenu avec brio ce rôle difficile sans jamais se mettre excessivement en avant. Ian Storey dans le rôle de Florestan son mari, rôle certes pas très long mais bien difficile à chanter, fait croire à son personnage aussi bien dans le désespoir de son injuste et dure incarcération que dans la joie de retrouver, au fin fond de sa geôle, et sa femme et la liberté. Les accents du geôlier Rocco –Friedemann Röhling- ont enflammé le public alors que Lucio Gallo –le malveillant Don Pizarro- voyait son travail vocal irréprochable légèrement gâché par une gestuelle excessive. David Alegret –Jaquino- fut un amoureux éconduit sensible et résigné. Elena Copons –Marzellina, la fille du pays -, créa la surprise agréable de la soirée. Diction allemande parfaite et parcours sans faute depuis l’expression amoureuse à peine envers le faux jeune homme Fidelio jusqu’au découragement total en découvrant le stratagème mis en scène par l’épouse pour sauver son mari.

L’orchestre du Liceu, bien dirigé par Sebastian Weigle, participa au succès de la soirée même si par moments les métaux –toujours justes- se sont montrés à la limite de leurs possibilités, petit péché traditionnel de la formation, que l’on croyait résolu depuis longtemps. Les chœurs se montrèrent à la hauteur de leur tâche dans l’expression de la douleur comme dans l’explosion de joie lors de la liberté retrouvée.

Fidelio opéra en deux actes de Ludwig van Beethoven, livret de Joseph von Sonnleithner (1805) d’après la pièce “Léonore ou l’amour conjugal” de Jean Nicolas Bouilly. Production du Metropolitan Opera House (New York). Mise en scène de Jürgen Flimm. Décors de Robert Israel. Direction musicale de Sebastian Weigle. Chanteurs : Anders Larsson, Lucio Gallo, Ian Storey, Gabriele Fontana, Friedemann Röhling, Elena Copons, David Alegret, et autres.

Gran Teatre del Liceu les 18, 21, 22, 24, 26, 27, 30 et 31 mai et le 2 juin 2009.

Crédit photo : Antonio Bofill

A propos de l'auteur
Jaime Estapà i Argemí
Jaime Estapà i Argemí

Je suis venu en France en 1966 diplômé de l’Ecole d’Ingénieurs Industriels de Barcelone pour travailler à la recherche opérationnelle au CERA (Centre d’études et recherches en automatismes) à Villacoublay puis chez Thomson Automatismes à Chatou. En même...

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