Éclats de terrain Projet scénique absurde de Caroline Husson

Inventer son avenir au fil d’une pensée en roue libre

Éclats de terrain Projet scénique absurde de Caroline Husson

D’abord, une brève mise en train de la salle, relance attentionnelle, afin que les spectateurs puissent s’imaginer qu’ils vont participer au spectacle. Caroline Husson se lance ensuite dans son projet d’ado se mettant à rêver comment envisager son avenir. Le modèle qu’elle a choisi, c’est une chanson de Balavoine intitulée « Le Chanteur », plutôt ironique, basée sur des clichés de réussite dans le show-biz où le but est essentiellement mesuré à ce qui permet de parader, de jouer dans l’ostentatoire, d’exhiber de la possession matérialiste.

Pour échafauder sa liste d’objectifs et de besoins, Caroline Husson nous entraîne dans un processus d’associations d’idées libres comme ça peut se pratiquer chez un psy, sorte de ‘cadavre exquis’ (ce qui en gros consiste à poursuivre la création d’une phrase sans en connaître le début) comme les surréalistes aimaient en écrire. Un flot verbal accumulant ce qui traverse l’esprit de quelqu’un quand il abandonne tout contrôle rationnel.

D’une certaine manière, c’est un peu aussi ce qui se passe lorsqu’Aladin, dans les contes des mille et une nuits, frotte une lampe merveilleuse lui proposant des souhaits à réaliser. Dans le flot, parfois surgissent des citations. Ainsi cette phrase du situationniste Guy Debord significative : « Il n’y a que les poissons morts qui suivent le courant.  »

Traitant et manipulant un ruban, sorte de norme de longueur virtuelle, la grande prêtresse du supposé destin de son ado, glisse çà ou là des bribes de Balavoine en leitmotiv, suggère avec jubilation que l’inespéré peut arriver, joue avec les sonorités des mots. Le tout correspond bien à ce qu’elle définit elle-même, comme un projet scénique absurde, crescendo ininterrompu à connotations de délire mental.
Avec en guise de point final un appel vers les coulisses pour que surgisse de la partie cachée d’un théâtre son partenaire intime, son double intérieur irrationnel subconscient, Auguste ahuri réinséré dans sa logorrhée volontaire. La méthode est aléatoire. Tentera-t-elle les ados de 14 ans et plus ? Le pari était osé. Il a été tenu.

Dès 14 ans
Durée :1h
Rencontres du Théâtre jeune Public Huy 2025
16-17.08.2025 Salle des Fêtes Huy

Texte, scénographie : Caroline Husson ; interprétation : Caroline Husson, Nathalie Rejwsky ;.regards complices :Nathalie Rjewsky, Delphine Veggiotti ; création lumière : Laurence Drevard ; .couture et création plastique :France Lamboray ; suivi production : Pauline Bernard - Quai 41 ; soutien : Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre de Lune (Bruxelles), La montagne magique, la Roseraie, Centres culturels (Jacques Franck, Bockstael, Wolubilis, Chiroux,Brabant Wallon ,Braine L’Alleud), La Soulane-Tiers lieux en France ; Production : Laroukine ; photo © Province de Liège

A propos de l'auteur
Michel Voiturier
Michel Voiturier

Converti au théâtre à l’âge de 10 ans en découvrant des marionnettes patoisantes. Journaliste chroniqueur culturel (théâtre – expos – livres) au quotidien « Le Courrier de l’Escaut » (1967-2011). Critique sur le site « Rue du Théâtre »...

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