Détails de Lars Norén
Scènes de la vie conjugale
Dramaturge suédois, metteur en scène et directeur de théâtre, Lars Norén est considéré comme l’héritier d’Ibsen et Strindberg ou Bergman. En 1999, il écrit Détails qu’il présente comme une pièce autobiographique dans laquelle il a rassemblé des situations de sa vie ou de celle d’amis pour former un tableau du couple dans les années 90. Le contexte de cette fin de siècle est évoqué brièvement au fil des conversations mentionnant le Sida que redoute Stefan, le conflit en ancienne Yougoslavie, les tragédies africaines mais les événements dans le monde résonnent comme de lointains échos.
Constituée d’une trentaine de petites scènes, la pièce présente dix ans de la vie de quatre personnages appartenant à un milieu privilégié et intellectuel ; à la recherche de l’amour, ils sont confrontés aux petits détails de la vie quotidienne où le diable se cache pour les faire trébucher. Le quatuor est composé d’Anne, médecin, épouse trahie et souffrant de ne pas être mère, Eric, éditeur suédois, Emma, jeune auteure qui cherche à être publiée, et Stefan, dramaturge suédois dont nous suivons l’évolution de sa carrière artistique. Les personnages se croisent à Stockholm, New-York, Florence, Tel Aviv, en perpétuel mouvement dans leur quête du bonheur sans cesse bousculée et menacée. Frédéric Bélier-Garcia a choisi un décor imposant réalisé par Alban Ho Van. Les déplacements à vue des tables et des chaises et les projections vidéo nous permettent de suivre les changements de lieux tandis que l’échafaudage sur l’un des côtés suggère que les choses de la vie sont sans cesse en construction. La Vénus d’Urbino masquée partiellement une grande partie du spectacle fait écho aux mystères de l’amour et du désir auxquels se heurtent les quatre protagonistes. Difficultés de se comprendre, de s’écouter, trahisons, manque d’enfant, culpabilités, angoisses, toutes les émotions et les sentiments sont palpables grâce aux interprétations efficaces des quatre comédiens. Isabelle Carré joue avec subtilité son rôle de médecin, les frustrations dans son couple et la tristesse de ne pas être mère, Ophélia Kolb, Emma, est convaincante dans une large palette de registres, Laurent Cappeluto, Erik, trouve le ton juste pour les différentes situations professionnelles ou privées et Antonin Meyer–Esquerré incarne parfaitement le jeune dramaturge Stefan angoissé et parfois un peu perdu. Lars Norén définissait sa pièce comme « un sourire triste », et c’est effectivement un tableau bien pessimiste de la vie de couple qui se dessine devant nous.
Détails de Lars Norén, traduction de Camilla Bouchet, Amélie Wendling, mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia, collaboration artistique de Caroline Gonce, décor d’Alban Ho Van assisté de Ariane Bromberger, lumières de Dominique Bruguière assistée de Pierre Gaillardot, son et musique de Sébastien Trouvé, costumes de Marie La Rocca assistée de Magali Angelini, vidéo de Pierre Nouvel, régie générale de Jean-Christophe Bélier. Avec Isabelle Carré, Ophélia Kolb, Laurent Capelluto, Antonin Meyer-Esquerré, Adèle Borde.
Crédit photo : Christophe Martin
Théâtre du Rond-Point, Tel : 01 44 95 98 21, jusqu’au 2 février 2021 à 21h, durée 2h10