Désaxé d’Hakim Djaziri
Un jeune homme dans le cercle de l’endoctrinement
Un homme dans sa prison se souvient. C’est un jeune d’Aulnay-sous-Bois né en Algérie et venu très tôt en France pour goûter à l’ennui et à la pauvreté des cités. Après s’être livré à quelques occupations innocentes ou peu légales, il se laisse séduire et embrigader par les religieux. C’est le djihad qui se profile, et un voyage vers la Syrie. Il comprend le caractère criminel de ce qui lui est proposé, et sait échapper au piège des imams et trouver sa liberté.
De tels textes sont urgents à entendre aujourd’hui. Celui d’Hakim Djaziri a une puissance et une vérité étonnantes, avec, en plus, un art certain de l’écriture. Sur scène, il joue lui-même son rôle dans un style chatoyant et brûlant. L’habile mise en scène de Quentin Defalt place Djaziri dans l’avant-scène et les deux comédiens Florian Chauvet, Leïla Guérémy, qui interprètent dans une sorte de lointain proche les autres personnages, à l’arrière-plan. Tout un pan de notre société est là, évoqué dans un très beau cocktail de colère et de tendresse, à base de parole populaire et d’éclairs littéraire. Il faudra désormais compter avec Hakim Djaziri qui prépare, sur ce thème d’une communauté abandonnée, une « série théâtrale ». Ce premier texte, Désaxé, est un doux coup de tonnerre.
Désaxé de Hakim Djaziri, mise en scène et scénographie de Quentin Defalt, lumières de Manuel Desfeux, costumes de Marion Rebmann, musique de Ludovic Champagne, avec Hakim Djaziri, Florian Chauvet, Leïla Guérémy.
Festival d’Avignon off : Le Train bleu, 15 h 15, tél. : 04 90 82 39 06. (Durée : 1 h 20).
Photo François Vila.