Ballet de l’Opéra de Paris

« Un air de Russie » pour la fin de l’année 2O21

Ballet de l'Opéra de Paris

« Un air de Russie » affiche l’Opéra de Paris pour son Ballet à l’occasion des programmes de fin d’année 2021. La compagnie fondée en 1661 compte 154 danseurs, dont seize étoiles et douze premiers danseurs, nombres qui permet .à l’institution de programmer dans ses deux théâtres de Garnier et de Bastille, de la danse en alternance avec des ouvrages lyriques.
A l’affiche : à Garnier un programme Ashton/Eyal/Nijinski et à Bastille,« Don Quichotte » provenant du fonds Noureev (exactement jusqu’au 2 janvier 2022). Devraient participer à ces deux programmes ou à un seul deux nouveaux premiers danseurs, Melle Roxane Stojanov et M. Jérémy-Loup Quer, promus récents lors du dernier concours.
Les représentations de Garnier comptent une nouvelle production signée par l’Israélienne Sharon Eyal, danseuse à la Batsheva Dance Company devenue chorégraphe : « Faunes ». Ce titre est inspiré de celui de la partition de Debussy « Prélude à l’après-midi d’un faune »(1912) et de l’esprit novateur de la chorégraphie d’origine imaginée par le Russe Vaslav Nijinski, considérée comme une pièce fondatrice de la danse moderne. La gestuelle stylisée, minimaliste de Nijinski, influencée par les poteries grecques anciennes, sa rupture avec le langage de la danse académique, ont séduit Sharon Eyal.
Dans sa version, les corps de neuf danseurs sont androgynes, vêtus de combinaisons unisexes. L’attention des spectateurs est fixée non pas sur le seul satyre, mais sur une chaîne de faunes alternant spasmes frénétiques et convulsions voluptueuses en accord avec la musique de Debussy, musique d’une expressivité souple et mobile à laquelle s’ajoutent des bribes sonores de rave party. Le tout dans une scénographie dépouillée.
Encore à Garnier, le révolutionnaire Nijinski, avec la reprise de son « Sacre du Printemps » dans une « recréation » et une « adaptation » de la chorégraphe française contemporaine Dominique Brun, dans des décors et des costumes inspirés de ceux de la création initiale du Russe Nicolas Roerich en 1913 (deux toiles peintes en font de plateau représentant des paysages champêtres). Ce n’est donc pas une « reconstitution » à l’identique qui est représentée dans ce programme. D’ailleurs Nijinski n’avait pas noté sa chorégraphie, dont l’esprit révolutionnaire a été seul conservé et enrichi par les témoignages des premiers interprètes, ainsi que par des photos et des dessins. L’option de Dominique Brun fait sienne cette fracture avec le vieux style musical et chorégraphique comme l’avaient imaginé à leur époque, Nijinski, et d’abord, son compatriote le compositeur Igor Stravinsky. Elle s’efforce toutefois de conserver, par la gestique (corps disloqués, pieds en dedans, piétinements etc.) et les costumes notamment, l’évocation de la Russie païenne célébrant le surgissement du pouvoir créateur du printemps.
La troisième pièce de programme du Ballet se rattache à la Russie par le compositeur Serge Rachmaninov dont la musique « Rhapsodie sur un thème de Paganini » accompagne la reprise de « Rhapsody » de Frederick Ashton entré au répertoire de la troupe en 1996, après sa création au Covent Garden à Londres en 198O, pour les 80 ans de la reine-mère Elisabeth.
Ce chorégraphe britannique a baigné dès son plus jeune âge dans l’univers d’ « anciens » des Ballets Russes de Diaghilev exilés en Europe. Son style fait référence à la danse d’école russe qui cultive la bravoure, la vitesse et la perfection technique. Six filles et six garçons ainsi que deux solistes (un homme et une femme) du Ballet de l’Opéra de Paris, rompus dans tous les styles, font leur celui d’Ashton dans un décor aux couleurs pétaradantes.

Photo Yonathan Kellerman

Palais Garnier, jusqu’au 2 janvier 2022 :9, 10, 11,12,14, 16, 18,20, 22, 23, 24, 25, 27, 29, 31 décembre 2021, 1er et 2 janvier 2022

A propos de l'auteur
Yves Bourgade
Yves Bourgade

Journaliste, critique free-lance Yves Bourgade a occupé plusieurs postes au sein de l’AFP où il fut responsable des rubriques théâtre, musique et danse de 1980 à 2007. Comme critique musique a collaboré notamment à la « Tribune de Genève » (1971-1988)...

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