Jerome Robbins à l’Opéra de Paris

Un chorégraphe qui combine à la fois ironie et poésie

Jerome Robbins à l'Opéra de Paris

En ces temps de graves affrontements entre les peuples, assister à une représentation consacrée au chorégraphe, américain Jerome Robbins (1918-1998) fait un bien fou.
Cette personnalité majeure de la danse du XXème siècle combine musicalité, précision, finesse et une faculté d’adaptation à toutes les musiques. Auteur de la chorégraphie de la comédie musicale « West side story » il peut aussi s’appuyer avec bonheur sur des partitions de Chopin et Ravel dans le programme que lui consacre la Ballet de l’Opéra de Paris cette rentrée.
Il faut dire que la compagnie aime le style de Robbins qu’elle fréquente depuis 1974 ; elle a à son répertoire dix-sept de ses ballets dont douze réglés par lui-même. Les solistes du Ballet de l’Opéra de Paris apprécient le fait que la technique à la fois académique et classique reste la base du langage de Robbins que ce dernier détourne avec ironie et poésie. L’important est que la danse soit fluide avec élégance et naturel, sans oublier les portés parfois périlleux.
« The concert, ou les malheurs de chacun » est l’un des trois ballets inscrits au programme de l’Opéra de Paris. Créé en 1956, il est un hommage à Frédéric Chopin avec lequel le chorégraphe avait un rapport affectif particulier. D’où cet hommage au compositeur polonais en créant une œuvre comique inspirée des titres de ses partitions musicales (préludes, valses, berceuses, mazurkas…). Est mise en scène une série de sketches qui révèlent des personnalités diverses mais bien caractérisées : le garçon timide, la fille rêveuse, la femme en colère, l’amateur de musique, le mari volage et sa femme, etc. Tous ces personnages, qui se distinguent par des accessoires, se retrouvent autour de ce qui devrait être un récital de piano.
Jerome Robbins n’hésite pas à pimenter sa chorégraphie avec, de temps à autre, une satire du ballet classique académique grâce à deux demoiselles solistes et délurées qui ont « l’impossible mission de se déclarer dans la peau de deux sylphides évanescentes ».

Il est question aussi de Chopin dans le deuxième ballet « In the night » (1970) pour trois couples habillés de façon et de couleurs différentes (mauve, brun et gris) s’appuyant sur des « Nocturnes » du Polonais. Les duos évoquent les différents moments d’une relation : les premiers émois, la complicité , la passion et ses remous. Robbins s’y révèle un merveilleux poète qui sait trouver à la musique de Chopin, profondeur, émotion et invention.

On est transporté avec « En Sol », troisième chorégraphie remontée sur le concerto en sol de Ravel, célèbres pour ses sonorités jazzie. Danseurs et danseuses en tenues de bain à rayures multicolores, tenues imaginées par le costumier et décorateur Erté pour la création en 1975, sont soudain bousculées par une « nageuse-étoile » surgissant dans une suite de déboulés en diagonale.

A Paris, Palais Garnier, 31 octobre,1,2,3,4,7,8,9,10 novembre 2023 (avec une distribution différente à chaque représentation notamment pour les étoiles et les solistes).

© Svetlana Loboff

A propos de l'auteur
Yves Bourgade
Yves Bourgade

Journaliste, critique free-lance Yves Bourgade a occupé plusieurs postes au sein de l’AFP où il fut responsable des rubriques théâtre, musique et danse de 1980 à 2007. Comme critique musique a collaboré notamment à la « Tribune de Genève » (1971-1988)...

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