100% cuban, Acosta Danza
Découverte de la danse contemporaine cubaine

De la danse à Cuba on ne connaît généralement qu’Alicia Alonso (1921- 2019) qui contre vents et marées a réussi à donner à la compagnie de ballet classique de son pays un essor incontestable, avec, il faut le dire, le soutien de… Fidel Castro. Animatrice, danseuse étoile vénérée, elle a fait du Ballet national de Cuba une vitrine à travers le monde de la culture de son pays et le berceau d’une génération de grandes ballerines et de danseurs de talent.
On attendait donc avec curiosité la venue de Acosta Danza. Un produit « 100% cubain » annonçait les affiches à Paris du Théâtre national de la danse. La compagnie porte le nom de Carlos Acosta qui l’a créée en 2015 à La Havane dans le but d’encourager les jeunes talents « capables de conjuguer facilement, les genres classique et contemporain ».
Au vu du spectacle non conventionnel présenté à Paris, le but est atteint sur le plan de la technique avec des danseurs stimulés à la souplesse maîtrisée dans les sauts et les figures les plus époustouflantes, certaines empruntées au vocabulaire de la danse académique (en petit nombre).
Une quinzaine de danseurs ont fait le voyage, il faudrait tous les citer. Leur ensemble souligne le métissage culturel propre à Cuba. Parmi eux Raoul Reinoso est également le chorégraphe de l’une des cinq pièces présentées à Paris : « Liberto » inspirée de deux oeuvres de la littérature cubaine anti-esclavagiste « El monte » de Lydia Cabrera et « Biografia de un Cimarron »de Miguel Barnet, sur une musique de Pepe Cavilondo. « Liberto » d’une durée de 17 minutes, raconte l’histoire d’un esclave fugitif en intégrant des .éléments de folklore et de pratiques religieuses locales dont celle venue d’Afrique avec les esclaves noirs à la langue yoruba utilisée au Nigeria.
La danseuse noire Zeleidy Crespo explore aussi dans « Impronta »le folklore afro-cubain avec des mouvements reconnaissables dans un solo vertigineux de 7 minutes, signé par l’Espagnole Maria Rovira sur une musique toujours du jeune compositeur Pepe Gavilondo.
« Hybrid » pour douze danseurs, d’une durée de 24 minutes, a été inspiré au chorégraphe cubain Norge Cedeno par le mythe de Sisyphe.
Le Suédois Pontus Lidberg a imaginé un voyage à la découverte de Cuba sur un plateau suggérant un sol herbeux pour « Paysage, Soudain, la nuit » d’une durée de 17 minutes sur une musique du Cubain Leo Brouwer.
L’aventure de Acosta Danza commence à La Havane en 2016 et pour sa venue à Paris la compagnie a choisi aussi de reprendre son ballet inaugural « De punta a cabo » (18 minutes), avec pour décor de fond de plateau la longue et large promenade majestueuse construite sur le littoral de La Havane pour la protéger de la mer. Le danseur et chorégraphe Alexis Fernandez qui a créé cette œuvre suggère avec efficacité un lieu de promenade et, les divers aspects contrastés de la société cubaine une occasion de mettre en scène toute la compagnie et son sens du rythme.
100% cuban, Acosta danza. A Paris, Théâtre national de la danse, Chaillot jusqu’au 18 mars 2022 ; Infos et réservations 01 53 65 30 00.
© Yuris Nourido