Nous dans le désordre d’Estelle Savasta

Je préfèrerais ne pas

Nous dans le désordre d'Estelle Savasta

Un jour, un jeune homme décide de s’allonger sur le bord d’un chemin dans une forêt (Comme Alain Souchon proposait de « s’asseoir sur le trottoir d’à côté »), sans explication, et de ne plus en bouger. Un évènement étrange qui vient bousculer le cours des choses, à la manière de Bartelby le scribe (Hermann Melville) et son « je préfèrerai ne pas » qui se soustrait aux règles sociales, fait de la résistance sans jamais le dire ni qu’on sache pourquoi. Nous, dans le désordre ajoute une dimension non négligeable à cette histoire qui advient au sein d’une famille unie qui n’a rien vu venir et se retrouve du jour au lendemain en pleine tragédie. Tous sont désarçonnés, en proie aux pires interrogations possibles, à la peur, à la culpabilité, tout en prenant les choses comme elles sont. On aménage l’endroit, on apporte à manger et à boire à Ismaël. Le phénomène suscite l’intérêt de bénévoles en mal de secourisme, celui d’agences touristiques qui organisent des visites sur site, mais surtout, il indigne le voisinage, méfiant et effrayé, qui proteste au nom de leur tranquillité et de la bienséance, sans aucun égard pour les parents et les enfants victimes de ce drame. Tour à tour les comédiens sont Ismaël, allongé et muet, excluant ainsi l’incarnation du personnage qui prend une dimension symbolique. L’auteur se garde bien de fournir des explications, jusqu’à la fin où, face public, les comédiens semblent donner des clés dont on ne sait trop quoi faire. L’intérêt du spectacle réside dans la pagaille que sème cette situation de désobéissance qui fonctionne comme un catalyseur et n’attend pas d’explication.
Estelle Savasta avait été plus heureuse avec Les Lettres jamais écrites (2017), spectacle auquel participaient Olivier Constant et Valérie Puech, qui comme celui-ci, était né de débats avec des lycéens. Ce conte étrange est conduit par cinq comédiens formidables qui nous embarquent au cœur de la forêt mystérieuse des relations que nous entretenons entre les uns et les autres, des liens familiaux et collectifs.

Nous dans le désordre. Ecriture et mise en scène, Estelle Savasta. Avec Flore Babled et Chloé Chevalier (en alternance), Olivier Constant, Zoé Fauconnet, Valérie Puech, Damien Vigouroux. Musique Ruppert Pupkin. Scénographie Alice Duchange. Création lumière Romain de Lagarde. Costumes Cécilia Galli assistée par Aliénor Figueiredo
Musiciens guitares Benoit Perraudeau, violoncelle Thomas Dodji Kpade, trompette Hervé Michelet. Au théâtre des quartiers d’Ivry jusqu’au 19 février 2022.

© Danica Bijeljac

TOURNÉE
Théâtre Madeleine Renaud – Taverny. 19 mars à 20h30
Théâtre de Sartrouville et des Yvelines CDN 29 mars à 20H30/30 mars à 21H
Théâtre de Mende 7 avril à 14h30 et 20h30
NEST – CDN transfrontalier de Thionville-Grand Est (Semaine Extra)
10 mai à 19h, 11 mai à 10h30, 12 mai à 10h

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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