Le Chien, Les Contes du chat perché de Marcel Aymé

Demain la vie va commencer

Le Chien, Les Contes du chat perché de Marcel Aymé

Delphine et Marinette sont de retour sur la scène du Studio-théâtre de la Comédie-Française. Ce sont maintenant deux grandes filles charmantes, dégourdies et bien élevées qui vivent auprès de leurs parents, gentils paysans dont l’amour n’a pas pris une ride interprétés par Sylvia Bergé et Thierry Hancisse. Sans aucun doute, Florence Viala (Delphine) et Elsa Lepoivre (Marinette) n’ont pas perdu le goût de l’enfance ; enjouées sans mièvrerie, elles mènent joyeusement la danse.

Le décor un peu désuet et naïf, façon chromos, imagerie d’Epinal, d’Eric Ruf dessine trois espaces
A l’avant-scène la ferme familiale, au-delà, le chemin, lieu de rencontres inattendues, et surtout monde extérieur, à l’arrière-plan, dans une trouée végétale, un aperçu des lointains, avenir symbolique. Les costumes de Siegrid Petit-Imbert ne cèdent rien à la tentation de l’anthropomorphisme, mais combinent discrètement des signes du monde animal avec des tenues humaines. Scénographie et costumes multiplient les références aux précédents spectacles reliés ainsi dans une trilogie qui conduit les fillettes de l’enfance au seuil de l’âge adulte.

De retour de commissions, les deux sœurs tombent sur un drôle de chien aveugle et très bavard, qui explique qu’il a pris la cécité de son maître adoré qu’il accompagnait et aussitôt celui-ci l’a abandonné. Affligées par tant de lâcheté et attendries par tant de générosité, elles ramènent le chien à la maison, certaines que ce gros poilu débonnaire, interprété tout en rondeurs par Nicolas Lormeau sera adopté par les parents et par le chat, maître des lieux, dont Jean Chevalier fait un gros matou, davantage bonne pâte que matois. Encore que, il se révèlera capable de méchante ruse. Quand, touché par la gentillesse du chien, il prend sa cécité, il ne tarde pas à mesurer sa bévue et s’empresse de jeter son dévolu sur la petite souris (Véronique Vella) qui n’a pas d’autre choix que d’accepter le cadeau empoisonné pour rester en vie. C’est alors que le vagabond (Yoann Gasiorowski qui est aussi le musicien), ancien maître du chien, réapparaît, désespéré de ne plus être aveugle, état qui lui permettait de subsister sans effort en tendant sa sébile. La souris ne se fait pas prier pour lui restituer sa cécité. Contre toute attente, le chien, par fidélité, ou par soumission canine, abandonne à son tour la famille qui l’avait accueilli pour rejoindre celui qui reste son maître. Son destin illustre le dicton qui dit qu’on ne fait pas le bonheur des gens malgré eux.

Dans cette nouvelle aventure, Delphine et Marinette apprendront qu’il ne fait pas bon dépendre des autres, qu’on ne sauve pas les gens malgré eux et qu’il est nécessaire de savoir dire non pour être capable de dire oui à bon escient. Les contes de Marcel Aymé ne sont pas seulement de charmantes histoires pour les petits. Raphaëlle Saudinos et Véronique Vella ont parfaitement perçu la finesse de ces petits récits qui explorent les relations parents enfants, l’éducation, la croissance, l’émancipation, semant ça et là leurs petits cailloux, conseils jamais didactiques mais délivrés avec bonne humeur par l’exemple et en chansons dont Vincent Leterme a composé les jolies mélodies. En ouverture, Anne Kessler signe une délicate animation graphique pleine d’humour à l’image du spectacle.

Le Chien, Les contes du chat perché de Marcel Aymé, mise en scène Raphaëlle Saudinos et Véronique Vella, avec la troupe de la Comédie-Française : Véronique Vella, Thierry Hancisse, Sylvia Bergé, Florence Viala, Elsa Lepoivre, Nicolas Lormeau, Yoann Gasiorowski, Jean Chevalier. Scénographie, Eric Ruf. Costumes, Siegrid Petit-Imbert. Lumières, Denis Koransky. Animation graphique, Anne Kessler. Musique originale, Vincent Leterme. Couplets additionnels, Raphaëlle Saudinos. A Paris, au Studio-théâtre de la Comédie-Française jusqu’au 7 mai 2023 à 18h30. Durée : 1h. Tout public à partir de 7 ans.
www.comedie-francaise.fr
© Christophe Raynaud de Lage

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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