A la Scala-Paris jusqu’au 18 mai 2025, les dimanches
L’Odeur de la guerre de Julie Duval
"Être une femme est un sport de combat"

La comédienne Julie Duval se présente comme boxeuse, ce qu’elle est vraiment, jusque dans sa façon d’aborder le théâtre. L’Odeur de la guerre est son deuxième spectacle, après Aux poings (2021). C’est une jeune artiste engagée sur plusieurs fronts. Elle a créé, avec la metteuse en scène Juliette Bayi l’association Jemme qui donne la parole aux femmes. Elle enseigne le théâtre, donne des cours de boxe et mène des actions culturelles.
Seule sur la petite scène en demi-cercle qui tient du ring, en tenue sportive avec pour principal accessoire un punching-ball, exutoire qu’elle va bien maltraiter, Julie Duval raconte l’histoire de Jeanne, une petite fille qui a grandi contre. Contre ses parents, un couple étriqué, bourru et handicapé du côté de l’écoute et de l’empathie, contre l’école discriminante. Forcément, la petite se renferme, elle n’a pas de vraies copines. La découverte de la boxe thaï va la sauver de son milieu — et peut-être d’un traumatisme qu’on devine à de rares indices mais dont elle ne dira rien — grâce à un entraîneur dur en discipline mais attentif et encourageant. Il l’a prévenue : « si tu ne te respectes pas, personne ne le fera à ta place ».
Jeanne trouve le moyen de se libérer de ses frustrations grâce à la discipline sportive qui lui a permis de reprendre la main sur sa vie.
« L’effort physique, le cadre et la discipline m’a libérée de mes peurs. Être une femme est un sport de combat », dit la comédienne. Julie Duval est un phénomène rare ; explosive, en colère, c’est une boule d’énergie. Comme si la boxe et l’expression théâtrale lui donnaient la force de livrer un combat intime, elle épingle sans pitié les figures qui l’ont empêchée. Elle décoche ses crochets du droit à tout ce petit monde avec un talent de mime époustouflant et un humour irrésistible : les parents bien sûr, avec la mère obsédée par le qu’en-dira-t-on, le père à la main leste, et même le chien que la mère vénère niaisement ; les enseignants aux discours ennuyeux ; le professeur de théâtre intello, un bijou du genre. L’entraîneur à qui elle doit beaucoup bénéficie d’une certaine tendresse.
Méditons cet aphorisme zen inspiré : « celui qui plante une laitue ne la gronde pas si elle ne pousse pas. »
Subtil et fort, porté par la mise en scène électrique de Juliette Bayi et Élodie Menant, le spectacle s’achève sur la chorégraphie au ralenti de son premier combat de boxe dont Jeanne sort victorieuse, victoire sportive et victoire sur elle-même.
L’Odeur de la guerre de et avec Julie Duval. Mise en scène, Juliette Bayi et Élodie Menant. Collaboration dramaturgie Juliette Bayi et Élodie Menant. Création lumières Thomas Cottereau. Compositeurs Rodolphe Dubreuil et Rob Adans. Chorégraphie Julie Cash
A La Scala jusqu’au 18 mai 2025, les dimanches. Durée : 1h15. (Reprise)
https://lascala-paris.fr
© Thomas O’Brien



