Je crois que dehors c’est le printemps de Concita de Gregorio

Une traversée intime

Je crois que dehors c'est le printemps de Concita de Gregorio

Lorsque l’on perd ses parents on est orphelin mais il n’existe pas de mot pour désigner l’inverse, des parents qui perdent un enfant (ou un frère qui perd une sœur et réciproquement), une curiosité violente de la langue qui pourrait laisser penser qu’un individu en deuil de son enfant ça n’existe pas.
Concita de Gregorio a écrit l’histoire tragique d’Irina Lucidi, une femme ordinaire qui bascule brutalement dans l’horreur. Son mari l’a quittée emmenant leurs deux fillettes. Quelque temps plus tard, on retrouve le mari mort — il s’est suicidé —, mais on ne retrouvera jamais les enfants. Comme le dit l’auteur, il existe des milliers de drames de ce genre, mais l’intention ici est de dépasser le fait divers pour justement universaliser le propos. Comment vit-on ce désespoir, comment peut-on renouer le fil rompu de la vie ? Ce récit raconte de l’intérieur ce qu’on appelle abusivement « le travail de deuil ». Le deuil n’est pas un travail, c’est une période, un espace-temps dans lequel l’endeuillée n’est plus la même, amputée d’une partie d’elle-même avec cette disparition, mais elle n’est pas encore une autre, celle qui se reconstruira malgré la douleur d’un membre (de la famille) manquant, ce que parviendra à faire Irina Lucidi.
Le dispositif imaginé par l’auteur et mis en scène par Giorgio Barberio Corsetti et Gaïa Saitta a quelque chose d’artificiel et d’incongru. À l’occasion d’un anniversaire, Irina sollicite les invités (des spectateurs sur scène dont les visages apparaissent successivement en gros plan) pour l’aider à rassembler les fragments de sa vie. On aurait préféré entendre le récit porté avec émotion par Gaïa Saitta sans aucun artifice scénique, dans la nudité crue du propos.

Je crois que dehors c’est le printemps. Texte de Concita de Gregorio. Mise en scène, Giorgio Barberio Corsetti et Gaïa Saitta. Avec Gaïa Saitta. Scénographie, Giulana Rienzi. Costume, Frédérick Denis. Lumière, Marco Giusti. Son, Tom Daniels. Video, Igor Renzetti. Au Théâtre du Rond-point jusqu’au 15 octobre 2023. Durée : 1h30.
© Chiara Pasqualini

Tournée
23-25 janvier 2024
Théâtre Joliette (Marseille)
6-10 février 2024
Théâtre national de Bretagne (Rennes)

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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