J’ai des doutes de François Morel

Rendez-vous avec Raymond

J'ai des doutes de François Morel

Le titre du spectacle est celui d’un fameux sketch de Raymond Devos. C’est bien à un véritable hommage à l’humoriste disparu en 2006, que nous convie François Morel. Hormis le début très drôle et quelques touches personnelles qui sont de Morel, tout le reste est du Devos. En introduction donc, un court sketch qu’il ne renierait pas : dans un furieux coup de tonnerre, Morel apparaît en Saint Pierre ; s’ensuit un dialogue, truffé de jeux de mots, avec Dieu qui a convoqué Devos pour se désennuyer. Quand Dieu se vante d’être le créateur du monde, Devos lui rétorque que cela fait déjà une éternité alors que lui, l’artiste, il fait une création tous les deux ans. Puis, la fragile mélodie de la chanson de Giani Esposito Le Clown s’élève dans la pénombre et clôturera le spectacle, hommage à l’ami de Devos qui la chantait sur scène (« s’accompagnant d’un doigt, ou quelques doigts, le clown se meurt…).
Les sketchs — entrecoupés de quelques chansons sur des textes de Devos comme Je hais les haies qui s’achève par « Je hais les murs qui sont en nous », que Morel fera chanter par le public en guise de rappel — s’enchaînent, en solo ou en duo avec le pianiste épatant (ce soir-là Antoine Sahler) qui donne le change avec beaucoup de talent. Sans aucun doute Devos et Morel, ces deux jongleurs de mots sur le fil de l’absurde, ont des affinités électives. Morel, tout en nuances et pourtant formidablement expressif, joue admirablement de cette fausse sobriété qui confère à l’excès sous des airs de grande modestie. Avec ce spectacle qui a du rythme, du phrasé, il réinvente son Devos sans jamais l’imiter, glisse des allusions au prestidigitateur, au musicien, au mime, aux talents multiples de cet extraordinaire artiste de scène dont le sens de l’absurde était très philosophique ; il est là, quelque part tapi dans l’ombre (pour un peu on apercevrait son nœud papillon et sa trompette), redescendu directement du Paradis sur la scène de la Scala dans la peau d’un François Morel drôle et émouvant, au meilleur de son talent.

J’ai des doutes textes Raymond Devos, un spectacle de et avec François Morel ; composition musicale, Antoine Sahler. Musique et interprétation Romain Lemire en alternance avec Antoine Sahler. Lumières, Alain Paradis ; son Camille Urvoy ; costumes, Elisa Ingrassia. A Paris, La Scala, jusqu’au 5 janvier 2020 à 19h. Durée : 1h30.
01 40 03 44 30 – billetterie@lascala-paris.com

Giovanni Cittadini Cesi

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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