Du 14 au 26 octobre 2025 à L’Odéon-Théâtre de l’Europe dans le cadre du Festival d’Automne à Paris..
Honda Romance, performance, cirque - conception, écriture et mise en scène de Vimala Pons.
La survie et la résistance des émotions face au numérique et à l’IA.

Artiste singulière, Vimala Pons fraie avec les disciplines du cinéma et de la scène : auteure, actrice, performeuse et musicienne. Protéiforme, elle traque l’intime - humour et dérision -, avec pour emblèmes, des spectacles de cirque performatifs : Grande, avec Tsirihaka Harrivel, et Le Périmètre de Denver, ou l’art de maintenir sur la tête d’imposants objets réels et symboliques.
Le titre mystérieux du spectacle désigne à la fois Honda, une marque de véhicules qui lancera en 2030 des satellites, et, dans diverses langues, signifie existence, rizière, fronde, vif, origine, livre, famille… Et Romance nomme à l’origine « une pièce musicale de style simple », associée à l’amour.
Toujours est-il qu’un satellite « non fonctionnel » se tient sur la scène, tel l’envers d’une machine à laver de quarante kilos, posé sur… ou plutôt écrasant la performeuse allongée à plat ventre et soutenant l’engin sur son dos. Le satellite-narrateur livre points de vue, images lumineuses d’écran - paysages naturels ou urbains et plutôt des scènes de foule bruyante - liesse ou colère. Qu’est l’être humain et son intériorité face à un monde-bulldozer ? Vimala Pons a pu faire l’expérience d’une résidence au 3 bis f, centre d’art situé dans l’hôpital psychiatrique de Montperrin, à Aix-en-Provence.
L’émotion collective, manipulée par les instances économiques et politiques, est une ressource nouvelle à exploiter : « les réseaux sociaux les monétisent, le marketing politique les oriente, les intelligences artificielles les analysent en temps réel » ; en résulte le déséquilibre, l’instabilité affective.
La performeuse se relève, la tête portant l’énorme satellite - symbole du lien entre la technologie et l’humain, c’est-à-dire l’inclination, le sentiment -, objet orné de courroies scintillantes qui finit par s’élever dans les airs. Un jeu inouï, au sens propre et figuré, sur la gravité et l’équilibre - les états transitoires, la perte de contrôle due à la suprématie des interconnexions - échos du monde numérique, messages audio, textos, diaporamas, traces de vies privées.
La performeuse, enfin libérée du poids de l’objet-Monde, fait les cent pas et court, de jardin à cour et inversement, incarnant avec cris, vociférations ou chuchotements, de multiples humeurs - trouble, contrariété, rage. Du refus de se voir quittée jusqu’aux échos de disputes et paroles rebelles triviales : « C’est ma maison, c’est ma voiture, c’est mes enfants… ». Trois canons à explosion de vent fouettent son corps, tanguant - mots et souffle perdus -, sous les musiques de Tsirihaka Harrivel et Rebeka Warrior.
Heureusement, advient le répit : le second volet du spectacle est l’expression bienfaisante d’un salut et d’une sauvegarde des valeurs humanistes contre la vitesse incontrôlable de l’époque : une parade - chorégraphie collective et partition musicale pour onze interprètes - : la marche, la danse et le chant - rappels du mouvement intérieur qui berce et rythme nos existences.( Germaine de Staël, De l’influence des Passions sur le bonheur des Individus et des Nations.)
Une variation sur la marche et le chant lyrique. Les interprètes s’essaient à la marche dansée - un envoûtement, un bercement mélodieux contre la brutalité ambiante de l’existence. La voix et les mouvements du corps - leur dynamique et leur affect - sont la réponse immédiate au mal-être existentiel.
Un ballet élégant d’allées et venues, apparitions et disparitions de belles personnes d’aujourd’hui, marchant à l’amble - harmonie gestuelle et chant lyrique réparateur -, mains vides ou portant un objet. Soit l’im-permanence des jours qui passent et l’art de la self-défense - geste et chant contre les turbulences éprouvées : To-day I have an expérience… Remember…
Une harmonie retrouvée grâce au balancement des corps et des voix chantantes, au-delà des pressions et insatisfactions. Reste l’enchantement d’une Invitation au voyage baudelairien : Luxe, calme et volupté retrouvés.
Honda Romance, performance, cirque - conception, écriture et mise en scène de Vimala Pons. Avec Sabianka Bencsik, Joseph Decange, Océane Deweirder, François Gardeil, Myriam Jarmache, Flor Paichard, Vimala Pons, Firoozeh Raeesdana, Vic Requier, Léa Trommenschlager. Collaboration conception et mise en scène, composition musicale Tsirihaka Harrivel, composition musicale du chœur Rebeka Warrior, collaboration artistique pour la direction, l’adaptation et l’arrangement musical, Fiona Monbet, Romain Lou- veau - Miroirs Étendus - recherche scénographique Benjamin Bertrand, Marion Flament, Vimala Pons, regard scénographique Marion Flament, confection du satellite Charlotte Wallet. Du 14 au 26 octobre 2025 - Paris - Odéon 6 è - Théâtre de l’Europe dans le cadre du Festival d’Automne à Paris. Les 21 et 22 novembre 2025 - Rennes, festival TNB. Du 4 au 7 décembre 2025 - Paris - Festival Beaux Gestes - CENTQUATRE-PARIS. Du 10 au 12 décembre 2025 - Nantes - Le Lieu Unique. Les 15 et 16 janvier 2026 - Chambéry - Malraux scène nationale Chambéry Savoie. Du 4 au 6 février 2026 - Tours - Centre Dramatique National de Tours. Du 17 au 27 mars 2026 - Strasbourg - Théâtre national de Strasbourg. Du 10 au 12 juin 2026 -Lyon - Maison de la danse.
Crédit photo : Vimala Pons



