Deux frères de Fausto Paravidino
A bout portant
C’est l’histoire d’Adam et Eve, mais à trois. Deux frères partagent un minuscule appartement où l’un d’eux installe son amie. Le domicile devient le lieu de la tentation. C’est déjà difficile de se mettre d’accord sur les menus, mais, si la jeune femme est pour l’un et l’autre une femme séduisante et, peut-être, facile à conquérir, la vie à trois multiplie les tensions. Les premiers jours, tout se passe bien mais vite les revendications muettes, les affirmations, les désirs, les frustrations, les mécontentements sortent de l’ombre. Heureusement, l’un des frères part au service militaire. Sa compagne reste dans l’appartement et ne tarde pas à tomber dans les bras du frère restant. Mais l’absent pourrait revenir…
Moins politique que les autres textes de l’auteur (Gênes 01, Nature morte dans un fossé), ces Deux frères sont de l’entomologie sociale. Paravidino observe ses personnages plus qu’il ne les aime. Ils méritent l’estime et l’affection, mais ils sont faibles. Ils croient tenir les rênes de leur existence mais leur destin leur échappe. La mise en scène d’Olivia Murrieri suit avec une tendresse secrète ces gens du bas de l’échelle comme dans un bocal. A bout portant. Sans embellissement. Crûment. Avec autant de silences que de paroles, elle dépeint les difficultés du passage à l’âge adulte et les tensions qui l’accompagnent Hugo Randrianatoavina et Arnaud Tardyet donnent chacun une juste traduction de la masculinité dans tous ses états. Inès Tavryzky compose une jeune fille brute et touchante. Tels des fauves en cage, ils sont fascinants.
Texte Fausto Paravidino
Traduction Jean-Romain Vesperini
Mise en scène Olivia Murrieri
Interprétation Hugo Randrianatoavina, Arnaud Tardyet, Inés Tavrytzky
Collaboratrice artistique Nina Ballester
Scénographie Laetitia Yturbe
Création lumière et régie générale Olivia Murrieri
Fabrication du décor Nelbi Léon & Simon Laborde
Création lumières Moïra Dalant
Théâtre de Belle Ville, tél. 01 48 06 72 34, 19 h jusqu’au 31 mai.
© Cie Saison violente