Les 25, 26 et 27 avril à la MAC - Maison des Arts de Créteil.

Arlequin poli par l’amour de Marivaux par Thomas Jolly.

La découverte de l’amour, entre le noir de l’inconnu et la joie festive des guirlandes lumineuses.

Arlequin poli par l'amour de Marivaux par Thomas Jolly.

Arlequin poli par l’amour est la première pièce que Thomas Jolly crée avec sa compagnie La Piccola Familia, en 2006, une pièce des débuts du dramaturge Marivaux, qui privilégie l’immédiateté de la fougue juvénile, son insolence, sa maladresse, ses enchantements.

Avec Arlequin poli par l’amour, représenté pour la première fois en 1720. Marivaux rompt avec l’inspiration morale, « galante » et satirique qui avait été la sienne l’hiver précédent dans L’Amour et la Vérité. En se fiant aux dons des Comédiens-Italiens et aux capacités d’émerveillement du public, il met magnifiquement à profit les vertus de l’esprit d’enfance.

Arlequin, jeune nigaud de belle mine, a été enlevé par une Fée qui voudrait lui apprendre à l’aimer. En vain : le bellâtre s’ennuie, se refuse à l’effort. Or, advient un enchantement instinctif : Arlequin jouant au volant dans la prairie distingue une jeune bergère, Silvia. Aussitôt, il rayonne d’esprit, se fait charmant et ingénieux, contre les sortilèges de la Fée.

Deux lieux scéniques : la jardin où la Fée croit emprisonner Arlequin derrière des grilles invisibles ; la prairie lumineuse où Silvia garde ses moutons. Deux décors, deux univers : le « monde » et la « nature » ; la Fée et la bergère. Un « conte populaire ».

La Fée s’est révélée méchante, et bien naturellement la bergère l’emporte. Le jeune héros accomplit un exploit : il arrache à la Fée sa baguette et donne ordre « qu’on chante, qu’on danse », avant d’aller « se faire Roi quelque part ».(Marivaux, Théâtre complet (I) , édition Henri Coulet et Michel Gilot, Bibliothèque de la Pléiade).

Sur le plateau à la fois d’ombre préservée et de petites sources de lumière déjetées ici et là, dans un rythme effréné, les comédiens courent, dansent, chantent, jouent de la musique, divertissant allègrement le public, soit la manifestation d’un joli goût de vivre dans la liberté, malgré le principe de réalité - raison, maturité et renoncement.

L’esthétique scénique de Thomas Jolly s’impose : jeux d’ampoules et de petites lumières ludiques qui se balancent et brillent dans l’ombre et la nuit - espace peu éclairé que des pans de papier doré tendu et chutant parfois, illuminent. Des ballons à gonfler en guise de volants, un Trivelin lucide, attentif et philosophe, qui observe dans la distance et la méfiance sa drôle de maîtresse féérique, oeuvrant au service de celle-ci et de ses intérêts, tout en cultivant un quant-à-soi et portant aide et protection aux jeunes amants.

Les autres comparses sont des figures grotesques et caricaturales, mi-diaboliques mi-enfantines, maquillées à la gothique, plutôt provocatrices en maniant la dérision, n’hésitant pas à contrefaire les moutons de la bergère, bêlant à qui mieux mieux dans une atmosphère musicale à la fois inquiétante, conviviale et joviale, jouant d’un bel esprit festif, afin que chacun ait plaisir au spectacle, acteurs et spectateurs, à travers verbe et corps.

Romain Brosseau, Rémi Dessenoix, Charlotte Ravinet, Clémence Solignac, Romain Tamisier, Ophélie Trichard sont les interprètes aguerris et efficaces de ce théâtre populaire. Ils se mesurent aux tourments - résistance à la méchante Fée, ce qui fait le bonheur du public trans-générationnel acquis aux jeunes gens, à une vie de promesses.

Un conte fantastique, entre cabaret et carnaval, souligne la féérie du bonheur d’être : effets spéciaux, guirlandes lumineuses et paillettes, ombres chinoises, ballons et confettis.

Arlequin poli par l’amour, texte de Marivaux, mise en scène et scénographie de Thomas Jolly, assistant à la mise en scène Charline Porrone. Avec Romain Brosseau, Rémi Dessenoix, Charlotte Ravinet, Clémence Solignac, Romain Tamisier, Ophélie Trichard. Création lumière Thomas Jolly et Jean-François Lelong, création costume Jeanne Avezou, régie son plateau Mathieu Ponchelle. Du 25 au 27 avril 2024 à 20h, scolaires les 25 et 26 avril à14h30.à la MAC - Maison des Arts de Créteil, place Salvador Allende- 94000- Créteil. Tél : 01 45 13 19 19, www.maccreteil.com Le 29 mai 2024 au Pont des Arts, Cesson-Sévigné. Le 31 mai 2024 au Centre culturel Le Plessis Sévigné, Argentré du Plessis.

A propos de l'auteur
Véronique Hotte

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