La mort d’André Wilms
Un géant de la scène
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- 10 février 2022
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L’importante carrière cinématographique d’André Wilms, qui vient de s’éteindre âgé de 74 ans, s’est doublée d’une grande carrière théâtrale. Formé à la grande fureur politique (la Gauche prolétarienne) et aux inventions esthético-philosophiques du Théâtre national de Strasbourg des années 70, cet ancien machiniste avait fait ses débuts avec le génial Klaus-Michael Grüber et portait avec puissance des rôles parfois colossaux dans des classiques ou des modernes que mettaient en scène André Engel ou Jean-Pierre Vincent. Ou bien il disait Lautréamont mis en scène par Matthias Langhoff. Deux types d’événement sont à mettre à part : ses interventions avec Judith Henry, Marie Payen et un groupe de rock dans une série d’Imprécations de Michel Deutsch d’une force de percussion irrésistible, ainsi que sa collaboration, pour une trilogie, avec l’auteur-metteur en scène-compositeur allemand Heiner Goebbels. En 2004, la prestation, à l’Odéon-Berthier, dans le spectacle de Goebbels, Eraritjarijaka, Musée des phrases, où il entrait et sortait à loisir d’une façade de maison porteur de phrases brûlantes d’Elias Canetti, accompagné par le quatuor Mondrian, est sans doute un moment unique dans l’histoire de notre théâtre.
Ensuite, ne trouvant plus de rôles à sa taille, il fit de la mise en scène, et il prolongea une intense activité au cinéma, particulièrement auprès du Finlandais Aki Kaurismäki. Son jeu, sa voix, sa personnalité, portaient de la passion, de la colère, du sarcasme, de l’ironie, du rire, et, aussi, une contagieuse fraternité. Un grand arbre manque dans la forêt des chênes jamais équarris.