Suzanne Vega (USA) au Festival Interceltique de Lorient.

Une grande dame de la musique et des mots à l’écoute du monde.

Suzanne Vega (USA) au Festival Interceltique de Lorient.

Suzanne Vega au père aux origines irlandaises et écossaises, père connu d’elle tardivement par ailleurs, était déjà présente en 2014 au Festival Interceltique de Lorient. Décidée, elle revient cette années au FIL, encline aux sentiments que la musique celtique transmet, s’étant arrêtée, entre autres, sur les mélodies mélancoliques contant l’histoire des Irlandais qui ont dû quitter leur pays.

Née à Santa-Monica en Californie, l’artiste est à présent new-yorkaise et depuis longtemps. Reconnue avec deux tubes au milieu des années 1980 qui ont forgé sa réputation, Tom’ s diner et Luka, elle a produit à ce jour neuf albums dont le dernier date d’il y a six ans, préparant aujourd’hui un nouveau à peaufiner patiemment. Ses chansons sont plus intérieures et secrètes que directement militantes, à la manière des auteurs-compositeurs des années 1970.

Depuis la sortie de son premier album éponyme Suzanne Vega acclamé par la critique en 1985, l’artiste, conteuse d’histoires mélancoliques, s’impose sur la scène musicale. Sa sincérité habite ses compositions et ses textes donnent une place de choix à la vie citadine et aux gens ordinaires.

Avec An Evening of New-York Songs and Stories, elle évoque un amour contrasté pour sa ville d’adoption New-York, en référence encore aux années 1970 et 1980, à la manière dont l’artiste y a vécu et élevé un enfant. Les problèmes sociétaux affleurent, à propos à la fois de la santé et de l’insécurité, sans oublier la dimension esthétique et culturelle, emblématique de la Grosse Pomme.

Un travail reconnaissable, distinct et réfléchi comme il il l’était lorsque sa voix a été entendue pour la première fois à la radio il y a plus de 30 ans. Suzanne Vega fait résonner avec simplicité des titres élégants et symboliques à travers un art raffiné de l’introspection et de la confidence.

A l’image aussi de son single Luka, titre qui aborde avec courage le thème de la maltraitance des enfants. Ainsi, voisin de la narratrice, le jeune garçon Luka tente pathétiquement d’expliquer, de trouver des raisons pour rendre légitimes la brutalité et l’inhumanité parentales. Le titre a été nommé trois fois aux Grammy Awards et MTV Music Award du meilleur clip féminin. 

La grande dame de la musique et de la chanson embrasse avec exigence, simplicité et poésie, les histoires malheureuses. Lors de son concert, elle plaisante elle-même, moqueuse et ironique, sur sa tendance à voir le monde de manière sombre, grave et pessimiste, désespérée par le comportement des hommes : elle offre en échange - histoire de dire qu’elle en est capable - une chanson courte et tonique, joyeuse et libre pour saluer la puissance de la vie et le désir d’exister.

Sur scène, Suzanne Vega, chapeau noir de magicienne stylée dont elle se coiffe ou bien qu’elle enlève, irradie l’espace scénique de sa présence lumineuse, accompagnée de sa guitare, et de la complicité pétillante de Gerry Leonard, guitariste averti venu de Dublin, offrant au public ses chansons, anciennes et nouvelles, certaines folk et d’autres plus rock and roll’.

Les dernières années de notre monde inspirent particulièrement l’autrice-compositrice-interprète, tels les fléaux qui se sont installés - la pandémie et la guerre. Flying with Angels et Rats évoquent la façon dont les gens souffrent et comment d’autres s’occupent de ces derniers. La chanteuse est à l’écoute du monde lointain et du monde juste alentour, interpelée par la déraison et l’injustice.

Une matière où sentiments, réflexions et questionnements se croisent pour mettre en perspective les nouvelles normes d’une société et d’une époque que tous partagent, public et compositrice.

Avec émotion résonne à l’Espace Jean-Pierre Pichard la chanson Last train for Mariupol sur la population fuyant la guerre en Ukraine.

Un répertoire "new-yorkais" avec ce guitariste de longue date, Gerry Leonard, et les titres emblématiques et d’autres plus confidentiels. Entre Left Of Center avec le refrain " If you want me, you can find me…Left of center…hors de la bande, en périphérie, au coin… ", ou bien My Name is Calypso  : " I have let him go In the dawn he sails away To be gone forever more… "

Suzanne Vega commence par une chanson ancienne où elle évoque son premier amour et sa rupture. Amusée et pour l’étonnement du public, elle poursuit, la chanson suivante, cette même aventure sentimentale traversée, racontant comment elle a retrouvé à Liverpool, quelques années plus tard, contre toute attente, celui auquel elle avait demandé de ne pas la revoir mais qui n’en resterait pas moins inscrit dans son coeur à vie…

Elle n’oublie pas la chanson de son ami Lou Reed, Take a walk on the wild side. Passionnée depuis l’enfance par la poésie et l’écriture, Suzanne Vega, depuis les voies de l’expérimentation fait retour à cette musique folk jazz élégante et mélancolique sur laquelle résonne sa voix posée.

Belle sensibilité d’une artiste aguerrie à fleur d’émotion qui se confie à un public aimé et complice.

Suzanne Vega (USA) - au Festival Interceltique de Lorient - 52 ème édition, Année de l’Irlande - du 4 au 13 août 2023 - le 5 août à 21h30 à L’Espace Jean-Pierre Pichard à Lorient dans le Morbihan et le 6 août au Festival du Bout du monde sur la presqu’île de Crozon dans le Finistère.

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Véronique Hotte

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