La fin du début de Solal Bouloudnine et Maxime Mikolajczak
Joue, joue !!!
Reprise du spectacle Seras-tu là ? (2022) sous un nouveau titre : La Fin du début.
Cela commence dans une chambre d’enfant bien désordonnée. Le comédien en tenue de tennis maculée de taches, le visage blanc de crème solaire tartinée à la diable, la raquette à la main, se livre à une partie endiablée avec lui-même. Au bout de quelques minutes, apparaît sur l’écran en fond de scène la présentatrice d’un journal télévisé annonçant la mort de Michel Berger, terrassé par une crise cardiaque au cours d’une partie de tennis.
Seras-tu là ?, une des plus belles chansons du chanteur a donné le titre initial à ce stand-up ou one-man-show, solo imaginé par l’intrépide Solal Bouloudnine qui nous parle de cette angoisse de la mort qui lui est tombée dessus le jour du décès de Michel Berger en août 1992 à Ramatuelle où le comédien passait des vacances en famille. Ce jour-là, explique-t-il, il est sorti de l’enfance ; il avait 6 ans et venait de prendre conscience de notre finitude. Les chansons de Michel Berger, dont on reconnaît des fragments dans le cours du texte, accompagnent le spectacle.
Pour conjurer la mort, Solal Bouloudnine commence par la fin, comme ça, c’est fait, continue par le début et finit par le milieu, passage « fourbe » s’il en est dont on ne peut dire ni quand il commence, ni quand il finit. Il raconte ses débuts dans la vie biologique, amoureuse, scolaire, artistique, explique qu’il a mis 32 ans à comprendre qu’il avait une mère juive, fait un récit burlesque de son expérience traumatisante en salle d’opération auprès de son père chirurgien qui côtoie la mort avec désinvolture. Il imagine un bureau futuriste où l’on pourrait programmer sa mort, et celle de ses enfants, pour ne pas être pris au dépourvu ; on nous donnerait le choix entre plusieurs scénarios tous plus horribles les uns que les autres.
Grand escogriffe à la bouille enfantine, Solal Bouloudnine a du ressort, toujours un pied dans l’enfance dont il garde le goût du déguisement, des imitations, des clowneries. Il brasse avec délectation le réel et l’imaginaire dans des scènes joyeusement absurde, au-delà de la mise en abîme, où il parle au téléphone à un interlocuteur dans la réalité de la fiction tout en lui expliquant que c’est un dialogue imaginaire dont il est le maître, puis raccroche rageusement le téléphone Fisher Price.
Avec une énergie folle, le comédien brave ses peurs : « on ne peut pas échapper à la fin », alors « essaie de vivre, essaie d’être heureux ça vaut le coup. Joue, joue !!! ».
La Fin du début de Solal Bouloudnine et Maxime Mikolajczak, avec la collaboration d’Olivier Veillon. Conception et jeu, Solal Bouloudnine. Mise en scène Maxime Mikolajczak et Olivier Veillon. Création lumière et son, régie générale, François Duguest. Musique, Michel Berger. Costumes Elisabeth Cerqueira. A Paris, au Théâtre Lepic, les lundis et mardis à 21h. Durée : 1h20.
résa : : 01 42 54 15 12.
www.theatrelepic.com