Paris, Théâtre de l’Atelier
Que d’espoir ! cabaret théâtral d’Hanock Levin
Un spectacle joyeusement transgressif

Auteur d’une œuvre considérable, Hanokh Levin, décédé en 1999 à 55 ans, était le plus grand dramaturge israélien. Il a écrit une cinquantaine de pièces classées ainsi : Comédies, Pièces mythologiques, Pièces politiques, Comédies grinçantes, Comédies crues, Pièces mortelles, Tragédies sanglantes. Son théâtre politique, irrévérencieux, subversif (il dénonce la guerre au lendemain de la guerre des six jours), et volontiers provocateur jusqu’à l’outrance, a suscité quelques scandales ; il a eu maille à partir avec la censure en Israël, mais aussi avec le public pas toujours réceptif. Il maniait le burlesque à la perfection d’une plume acide pour tourner en dérision la médiocrité et l’absurdité de la condition humaine, le rêve ridicule de bonheur. Il ne craint d’aborder aucun sujet et le plus crûment possible. La mort rôde dans toute cette œuvre qui a rencontré le public français en particulier au festival d’Avignon en 2000 avec Yaacobi et Leidenthal, mis en scène par Michel Didym, Kroum l’ectoplasme, proposé par Krystof Warlikowski en 2005.
Son plus grand plaisir était de jouer ses sketches satiriques, généralement tournés contre le gouvernement, accompagnés de chansons de sa composition. Valérie Lesort a puisé les textes du spectacle dans son recueil Que d’espoir ! qu’elle met en scène avec une inventivité débridée parfaitement maîtrisée. Puisque Levin pousse le bouchon au pire, elle en fait de même dans sa conception d’une série de tableaux extravagants. S’inspirant du célèbre personnage de Monsieur Patate, elle affuble les comédiens d’incroyables prothèses déformantes, de perruques monstrueuses en plastique (créées par Carole Lallemand) pour en faire des jouets grandeur nature, pathétiques. La grosse blague le dispute au sentiment tragique de la vie. Tout engoncés qu’ils soient dans leur carapace de plastique aux couleurs des figurines Playmobil, les comédiens expriment la dérision de leur personnage et nous touchent. En marge, venu d’ailleurs, telle une apparition, Charly Voodoo, exfiltré de chez Madame Arthur, créature chimérique serrée dans un fourreau scintillant, fascine. Sa silhouette longiligne ondule sur le plateau avec la grâce et la fragilité d’une liane caressée par le vent Talentueux compositeur, il a écrit la musique du spectacle ; il joue du piano, chante et accompagne les chansons écrites par Levin. Quand il n’est pas au piano, il tient sa place au sein du quatuor de comédiens. Un vrai spectacle de cabaret divertissant et intelligent dont, néanmoins, la mise en scène ‘hénaurme » étouffe un peu la voix de l’auteur.
Que d’espoir ! Cabaret théâtral. Textes choisis parmi les cabarets d’Hanokh Levin. Textes français Laurence Sendrowicz (Éditions Théâtrales). Mise en scène Valérie Lesort. Avec Valérie Lesort en alternance avec Céline Milliat-Baumgartner, Hugo Bardin, David Migeot, Charly Voodoo. Assistant à la mise en scène et accessoiriste Florimond Plantier. Collaboration artistique, perruques et maquillages Hugo Bardin. Compositeur Charly Voodoo. Création lumières Pascal Laajili. Mise en espace Robin Laporte. Création costumes et prothèses Carole Allemand. Réalisation costumes Elisabeth Cerqueiras, Lucie Charrier, Maxence Moulin, Fabienne Touzi dit Terzi, Carole Allemand. Réalisation prothèses Laurent Huet, Maxence Moulin, Carole Allemand. Régie de scène Élodie Galmiche, Klore. Paris, théâtre de l’Atelier,,du mardi au samedi à 21h, dimanche, 16h. Durée : 1h10.
© Fabrice Robin



