Monsieur Chasse !

Dommage !

Monsieur Chasse !

Voilà l’exemple même du spectacle qui réunit tous les atouts et, finalement, ne tient vraiment pas ses promesses. Longtemps négligé comme une figure de proue du vaudeville, genre décrié s’il en fut, populaire donc vulgaire, Georges Feydeau est maintenant considéré comme un véritable auteur de répertoire. Qui veut marquer son empreinte comme metteur en scène, y compris dans le théâtre public, se doit d’inscrire une pièce de Feydeau à son palmarès. Claudia Stavisky, à qui l’on a confié la direction d’un des plus beaux lieus de France, le Théâtre des Célestins, à Lyon (actuellement en travaux), a choisi Monsieur Chasse ! Pourquoi pas. La pièce caractérise assez bien les typologies de personnages et surtout la mécanique qui font tant pour le comique de Feydeau. Pour la circonstance, elle s’est concoctée une distribution sans faille, autour de Didier Sandre, un comédien qui concilie à merveille intelligence et élégance, et Bernard Ballet, acteur expérimenté et polyvalent.

Chassé-croisé de malentendus

Nous voici donc avec le brave Duchotel (Bernard Ballet) qui invente des parties de chasse pour tromper tranquillement sa femme Léontine (Christiane Millet), pendant que celle-ci résiste avec de moins en moins d’intensité aux avances du meilleur ami de son mari, Moricet (Didier Sandre), médecin à ses heures et surtout impénitent coureur de jupons. Comme il se doit, tout ce petit monde se livre à un chassé-croisé producteur de force malentendus, tout ce qui doit être dissimulé étant finalement révélé, dans une confusion générale conçue pour provoquer le rire des spectateurs. Le problème, en l’occurrence, c’est que Claudia Stavisky a plus ou moins essayé de s’amender du principe de base qui veut que le meilleur moyen de se servir de Feydeau, c’est de suivre au plus près les composantes de son comique. Si les portes claques, c’est surtout avec l’accumulation des situations et des mots d’esprit qui les accompagnent, qu’il faut compter.

Une mise en scène pesante et prétentieuse

Passons sur le décor assez inutilement tape à l’œil. Plus gênant est le rythme un tantinet languissant, ou encore cette propension à inciter les interprètes à se rouler sur les tables ou à même le sol, ce qui, on en conviendra, n’apporte pas grand-chose. Mais le plus gênant c’est cette façon d’insister sur le ridicule des personnages, ce qu’ils ne sont pas forcément si ce n’est à cause des situations dans lesquelles ils s’enlisent. On est ainsi un peu navré de voir Didier Sandre, dont on attendait qu’il nous propose un Moricet vraiment charmeur, presque distancié, souligner les aspects grotesques, ectoplasmiques, dont il accable son personnage. Du coup, Bernard Ballet, par ce qu’il apporte d’humanité à Duchotel, semble nettement plus juste.
Bref, si Feydeau est encore là pour nous faire rire avec certaines répliques, il est, paradoxalement, plutôt handicapé par cette mise en scène pesante et somme toute prétentieuse, en tout cas peu et mal inspirée. C’est vraiment dommage !

Monsieur Chasse ! de Georges Feydeau, mise en scène de Claudia Stavisky, avec Bernard Ballet, Patrice Bornand, Christine Millet, Didier Sandre, Laurent Soffiati, Martine Vandeville et Philippe Vincenot. Athénée, jusqu’au 16 février. Tél : 01 53 05 19 19.

Photo : Christian Ganet

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Stéphane Bugat

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