Londres - Royal Opera House - Covent Garden - jusqu’au 9 janvier 2008

La Cenerentola de Gioacchino Rossini

Une Cendrillon au goût français

La Cenerentola de Gioacchino Rossini

S’il est un produit français qui s’exporte bien, c’est incontestablement le metteur en scène d’opéra. Notamment au Covent Garden de Londres, où le duo Moshé Leiser-Patrick Caurier vient de rempiler pour la troisième fois. Après le triomphe en 2006 de Laurent Pelly dans La Fille du Régiment de Donizetti magnifiquement chanté par Natalie Dessay et Juan Diego Florès, la grande scène londonienne a programmé une nouvelle fois La Cenerentola de Rossini.

La première production de ce chef d’œuvre rossinien par Leiser et Caurier avait eu lieu en 2000. Elle fut ensuite revivifiée et reconduite deux ans plus tard ; les mélomanes anglais en ont redemandé en cette fin 2007 et la voilà à nouveau à l’affiche avec un succès qui la mène au réveillon du 31 décembre et aux premières soirées de l’an nouveau.

Magdalena Kozena nouvelle Angelina alias Cendrillon

On attendait avec impatience les débuts au Covent Garden de Magdalena Kozena et sa prise de rôle d’Angelina alias Cendrillon ; après les illustres interprètes, telles La Malibran elle-même et plus récemment Téréza Berganza, Cecilia Bartoli, Vivica Genaux, Elina Garança. Magdalena Kozena, mezzo colorature tchèque, très appréciée dans la musique baroque, venait de connaître de beaux succès dans Orphée de Glück et Pelléas et Mélisande de Debussy au Châtelet, dans le Couronnement de Poppée, Idoménée et Cosi fan tutte. Mais jamais encore, on l’avait entendu dans un « grand Rossini ». Certains spécialistes ou soi-disant connaisseurs émettaient des doutes ! Après les brillantes interprétations de Sonia Ganassi (2000) et de la Française Sophie Koch (2002), Magdalena Kozena était confrontée à son tour aux superbes mais redoutables vocalises de cette Cenerentolapour acrobate des cordes vocales. Dès son air d’entrée « una volta c’era un re » elle annonce la couleur. Le rôle a été écrit pour un contralto, mais la diva tchèque s’est magnifiquement comportée, attaquant crânement les aigus les plus ardus.

Une limouisine en lieu et place de la citrouille

Comme toujours les duettistes Leiser et Caurier ont réalisé un travail subtil mélangeant une modernité de bon aloi, avec le conte de fée de Perrault. Et si on n’a pas entrevu des citrouilles, du moins on a été impressionné par la resplendissante limousine.
Le sextuor du denier acte, toujours très apprécié avec ses roulements de « r » a été un grand moment d’humour.

Autres débuts très remarqués au Royal Opera House, ceux du baryton français Stéphane Degout. Astucieusement dirigé, il a campé un Dandini hilarant. Toby Spence n’a certes pas fait oublier Juan Diego Florès, mais son Prince Ramiro est sans défaut. On peut le classer parmi les ténors légers rossino- mozartiens de bonne lignée. La basse italienne Alessandro Corbelli est comme toujours le meilleur spécialiste de Don Magnifico, le ridicule et méchant beau-père de Cendrillon. Il est irrésistible de drôlerie. Il est entouré des deux « chipies » excellentes comédiennes et chanteuses, la Grecque Elena Xanthoudakis (Clorinda) et l’Anglaise Leah-Marian Jones (Tisbé).
On ne saurait trouver de meilleur chef d’orchestre qu’ Evelino Pido pour ce répertoire en feu d’artifice. Sa perception de Rossini est unique. Il est parfait à la tête de l’Orchestre du Covent Garden et d’une distrubution de haut niveau.

La Cenerentola ossia « La bontà in trionfo » melodramma giocoso en deux actes de Gioacchino Rossini, livret de Jacopo Ferretti d’après le conte de Charles Perrault, créé le 25 janvier 1817 au Teatro Valle de Rome.
Orchestre du Royal Opera House, direction Evelino Pido, chœur du Royal Opera, chef de chœur Renato Balsadonna., mise en scène Moshe Leiser et Patrice Caurier, costumes Agostino Cavalca, décors Christian Fenouillat, lumières Christophe Forey. Photos : Johan Personn. Avec
Magdalena Kozena : Angelina, Elena Xanthoudakis : Clorinda, Leah-Marian Jones : Tibes, Toby Spence : Don Ramiro, Stéphane Degout : Dandini, Alessandro Corbelli : Don Magnifico, Lorenzo Regazzo : Alidoro.
Londres - Covent Garden : les 17,20,22,26,29 décembre, 2,7,9 janvier à 19h30 ; le 31 décembre à 18h30, le 4 janvier à 14h30.

A propos de l'auteur
Charles Rosenbaum
Charles Rosenbaum

Charles nous a quitté le 15 août dernier. Nous vous invitons à lire son portrait par Caroline Alexander.

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