Du 2 au 16 novembre 2024 au Théâtre de la Ville - Sarah Bernhardt.
Je suis trop vert de David Lescot
Les enfants et la cause de la Terre via l’expérience éprouvée de la ruralité.
Après J’ai trop peur et après J’ai trop d’amis, l’auteur et metteur en scène David Lescot poursuit avec Je suis trop vert une aventure théâtrale insolite qui n’appartient qu’à lui, consacrée à l’enfance - une vision non niaise ni trop noire ni trop édulcorée -, à juste hauteur de petit garçon (Moi, en l’occurrence) ou de petite fille, la belle invitation espiègle encore à découvrir une nature âcre à travers le récit sincère de l’élève envoyé une semaine à la campagne avec sa classe de 6ème D. Tous en reviendront changés, dotés d’un autre regard sur leur mode de vie.
Autour de Moi, Basile le copain, Ma Petite Soeur, Clarence le rival auprès de Marguerite, Valérie la fille de la ferme, Cameron son frère, la classe de 6ème D.
Fi des herbes, des bêtes et des insectes de la campagne, le départ pour l’aventure rurale a bien lieu, après quelques soucis d’intendance à résoudre dont la possibilité pour tous de partir, moyennant gâteaux-maison, jouets recyclés à vendre à la récré.
Au petit matin, après une nuit survoltée de voyage en car, la rencontre des urbains avec l’univers rural s’expose dans toute sa radicalité : bruit intempestif des machines agricoles, du tracteur et de sa remorque de feuilles mortes, de la tronçonneuse, le face à face avec les vaches, d’un côté, avec les poules, de l’autre.
Et pour ce qui est de l’initiation aux « super techniques de bio-écologie-agro-rustique » qui feraient que le champ se labourerait tout seul, nenni ! « On ne force jamais la terre à faire ce qu’elle ne ferait pas toute seule », précise Valérie. En échange, les élèves de la 6ème D doivent travailler d’arrache-pied, non comme des limaces, rien de mieux pour que tous tombent prématurément de sommeil le soir.
La grelinette qu’on plante avec grand effort permet de soulever la terre sans la retourner, pour qu’elle respire, et sauvegarder ainsi ce qui vit à l’intérieur. Sans oublier la technique des « lasagnes » qui consiste à recouvrir une bande de terre - la planche- avec du carton, recouverte ensuite avec du fumier paillé, recouverte encore avec des feuilles mortes, soit l’alternance d’une couche carbonée à une couche organique : une sensibilisation à l’écologie et à la sauvegarde de la planète.
Le spectacle de David Lescot est un ravissement plein de la gouaille enfantine si caractéristique de ce temps de découverte et d’exploration des choses et de la vie. Moi laisse défiler l’intériorité consciente de sa personnalité comme le raisonnement qu’il articule et coordonne tant avec innocence qu’avec maturité, tombant toujours juste sur ses pieds pour ce qui est de l’évidence des relations parents et adultes :
« Voilà, on est de retour chez nous. Ça fait bizarre : nous on sent qu’on a changé, mais les parents qu’on retrouve, nos parents, tout ça, ils sont restés pareils. Y a un décalage entre nous. Ils peuvent pas comprendre ce qu’on a vécu. »
Ce qu’ils ne savent pas, c’est que Moi a croisé une des présences légendaires de Bretagne, près du bourg de Roudouallec, où la nuit, surgit le revenant ou fantôme de Yonec, fille ou garçon, devenu oiseau, et dont on surprend la présence, par la fenêtre, sous la lune, entre les deux fameux sommeils de la nuit qui autorisent tout.
Et nous ne parlons pas sur le plateau de la fameuse et merveilleuse boîte en bois à laquelle reste fidèle David Lescot, sorte de pupitre ancien, replié et déplié, qui cache trappes et recoins, une boîte magique à outils scéniques d’où s’élèvent les cris des enfants dans la cour du collège, le chant du coq et le caquètement des poules, le beuglement des vaches,… et la sonnerie qui siffle la fin de la récré.
Un voyage souriant et enchanteur avec de jolies présences enfantines : en alternance Lyn Thibault, Élise Marie, Sarah Brannens, Lia Khizioua-Ibanez, Marion Verstraeten, Camille Bernon, des interprètes qui portent foi en la vie et la raison, aux émotions et aux idées universelles, chanteuses et musiciennes encore.
Je suis trop vert, texte (édit. Les Solitaires Intempestifs) et mise en scène de David Lescot, scénographie François Gauthier-Lafaye, lumières Juliette Besançon, costumes Mariane Delayre, assistante à la mise en scène Mona Taïbi. Avec en alternance Lyn Thibault, Élise Marie, Sarah Brannens, Lia Khizioua-Ibanez, Marion Verstraeten, Camille Bernon Du 2 au 16 novembre création et aussi l’intégrale J’ai trop peur + J’ai trop d’amis + Je suis trop vert au Théâtre de la Ville - Sarah Bernhardt - 2, place du Châtelet 7504- Paris. theatredelaville-paris.com I 01 42 74 22 77.Les 19 et 20 nov. Théâtre+Cinéma, scène nationale de Narbonne. Le 21 nov. Narbonne - Programmation du Crédit Agricole. Le 22 nov. Lattes- Programmation du Crédit Agricole. Le 26 nov. Nîmes - Programmation du Crédit Agricole. Le 28 nov. Mende - Programmation du Crédit Agricole. Les 9 - 18 déc. TNG – Centre Dramatique de Lyon. Les 13 - 15 jan. 2025, Théâtre de l’Olivier Istres Scènes et cinés. Du 30 jan au 1er fév. Théâtre des Sablons – Neuilly. Les 27 et 28 fév. MCL – Gauchy. Les 12 et 13 mars, Théâtre André Malraux – Rueil-Malmaison. Du 13 au 16 avril Les Petits devant, les grands derrière Poitiers. Les 28 et 29 avril Théâtre du Champ du Roy – Guingamp.
Crédit photo : Christophe Raynaud de Lage