Irma La douce

Irma La douce, alias Marie-Julie Baup nous chante sa chanson et notre cœur est repeint de bonheur. Nestor alias Lorànt Deutsch, est amoureux. Un spectacle plaisir !

Irma La douce

Elle est épatante cette petite femme là. Gentille, douce et pas bégueule pour deux sous. Irma (Marie-Julie Baup) mérite bien son surnom. Nestor (Lorànt Deutsch), la dévore des yeux. Un regard qui ne trompe pas, il est amoureux. Irma le regarde de ses beaux grands yeux. Un regard qui ne trompe pas itou. Les deux amants s’installent vite ensemble. Quelle belle bluette. Mais attention, le ferment de la jalousie est toujours trop fort. Il faut vous dire que notre Irma fait commerce de ses charmes. Nestor est un titi parisien, un poil truand. Au début il ne voit aucun inconvénient à cette situation assez banale sur la butte. Il devient vite jaloux. L’idéal ce serait le client sérieux ! Un bon client qui a l’exclusivité, et qui ne vient pas trop souvent. Monsieur Oscar arrive avec sa petite barbichette démodée.

Il paie, et s’en retourne. Irma donne tout à son homme, Nestor empoche. Mais Nestor devient jaloux, les jours d’Oscar sont comptés !!!
La police flaire un meurtre. Que vont devenir nos amoureux ?
Il est temps de parler des auteurs de cette pièce musicale. Alexandre Breffort manie la plume qu’il trempe dans un encrier fort caustique, il signera des chroniques au Canard Enchaîné. Le Paris qu’il décrit est un Paris rêvé, où les coups ne font pas mal, où les truands ont un code d’honneur. Montmartre est le toit du monde. Ce Paris canaille est déjà du passé en 1956. Mais le public est heureux de cette compagnie. La musique de Marguerite Monnot est intimement liée au succès d’Irma La douce. Celle qui donna des accents si particuliers au Légionnaire de Piaf, qui nous fait frémir dans l’Hymne à l’Amour, offre une ritournelle entêtante à Irma. Dés la création de la comédie musicale en 1956, au théâtre Grammont, Irma La douce est un succès. La créatrice du rôle est la merveilleuse Colette Renard, les chansons de la pièce sont des succès. A ses côtés, Michel Roux est son Nestor. Irma traverse et la Manche et l’Atlantique, et remporte à chaque fois des louanges. Ce Paris picaresque est follement exotique pour les américains et même si le film de Billy Wilder fait des entorses à l’originale, Shirley MacLaine et Jack Lemmon sont bien sympathiques, mais l’adaptation américaine n’est pas convaincante.

Nicolas Briançon signe une superproduction qui nous fait voyager de Paris à Cayenne. On y croise des durs au cœur tendre, des femmes légères qui ont de la gravité, des mauvais garçons, des avocats peu fréquentables. Ce projet titille son talent fertile. Réunir le couple Marie-Julie Baup et Lorànt Deutsch, qui capitalise sympathie et charme, donne à la pièce d’Alexandre Breffort un élan, une familiarité heureuse. Deuxième idée lumineuse, il confie le rôle du narrateur à une femme, et quelle femme : Nicole Croisille. Elle campe avec autorité une mère maquerelle surnommée Maman. D’un regard, d’une note elle dresse le plateau. Une maîtresse femme vous dis-je. Troisième idée, ne pas avoir adaptée à n’importe quelle époque les amours d’Irma et de Nestor.

Les décors descriptifs nous plongent dans l’univers de nos Roméo et Juliette. Du cabaret à la chambre d’Irma, du tribunal au bagne nous suivons les aventures de nos héros. Une superproduction où rien n’est laissé au hasard. Vous verrez même une jungle, le bagne décrit ici est plus proche de La cuisine des anges que de Papillon et les sauvages qui peuplent ce milieu hostile sont plutôt marrants.

La scène du procès est un sommet. Les comédiens nous offrent un moment de pure comédie, entre Courteline et les plus grandes comédies italiennes de Dino Risi. L’arrivée du président, qui est tout petit, interprété par l’inénarrable Philippe Vieux, l’avocat de la défense, Pierre Reggiani qui nous fait des imitations, et des effets de manche hilarante face à un procureur Olivier Claverie qui est dément. Ce trio semble sortir tout droit d’un dessin de Daumier. Pauvre Nestor ! Andy Cocq et Claire Pérot jonglent avec les rôles et les notes. Ils sont non seulement des chanteurs « assermentés » mais de surcroît des comédiens. Une très belle distribution traversée par la haute silhouette de Jacques Fontanel qui endosse ses différents costumes avec cette élégance consommée que nous apprécions. Marie-Julie Baup est une Irma délicieuse, séduisante et tendre. Rien d’étonnant, que Nestor en soit dingue. Lorànt Deutsch est Nestor. Il est drôle et touchant.

Quelle belle soirée nous avons passée, du rire, de l’émotion des chansons et puis du rire encore. Nicolas Briançon sait orchestrer un grand plateau, ses comédiens qui jouent plusieurs rôles sont des marathoniens. Les beaux costumes de Michel Dussarat sont des auxiliaires indispensables. Sur scène il y a un véritable orchestre. Pas de bande son et de mauvais Play back, mais une belle formation sous la baguette de Jean-Luc Pagni.

Un coup de spleen, un manque d’enthousiasme, aller voir Irma la douce elle est épatante !

Irma La douce - Comédie Musicale d’Alexandre Breffort, musiques Marguerite Monnot, arrangements Gérard Daguerre
Mise en scène Nicolas Briançon
Avec, Marie-Julie Baup, Lorànt Deutsch, Nicole Croisille, Andy Cocq Jacques Fontanel,
Théâtre de la Porte Saint-Martin Tél : 0142 08 00 32

A propos de l'auteur
Marie-Laure Atinault
Marie-Laure Atinault

Le début de sa vie fut compliqué ! Son vrai nom est Cosette, et son enfance ne fut pas facile ! Les Thénardier ne lui firent grâce de rien, théâtre, cinéma, musée, château. Un dur apprentissage. Une fois libérée à la majorité, elle se consacra aux...

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