Paris, Grande Halle de la Villette, jusqu’au 25 avril puis en tournée

Du goudron et des plumes, par la Compagnie MPTA/Mathurin Bolze

Le radeau volant

Du goudron et des plumes, par la Compagnie MPTA/Mathurin Bolze

MPTA… Quelles sont donc ces étranges initiales qui signent ce spectacle au titre tout aussi intrigant, Du goudron et des plumes ? Renseignements pris, MPTA signifie Les mains, les pieds et la tête et cette compagnie a pour chef de troupe et cofondateur le talentueux Mathurin Bolze, ancien élève du Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne et ex pensionnaire du collectif Anomalie, qu’il rejoignit pour Le cri du caméléon, spectacle très remarqué, mis en scène par le chorégraphe Joseph Nadj. Quant au goudron et aux plumes, pas la peine d’en chercher la moindre trace sous le plafond immense de la Grande Halle de la Villette. Cette association, libre comme il se doit, renvoie à la puissance poétique de ces évolutions acrobatiques, entre force athlétique et légèreté de l’esprit. Ils sont donc cinq artistes (quatre hommes et une femme) à prendre place sur ce plateau-décor qui s’élève et s’incline, rendant périlleuse l’existence de ces êtres dont on ne sait s’ils se sont choisis ou s’ils doivent survivre ensemble. Ils ne savent plus où donner des pieds, des mains et de la tête, ces jeunes gens agiles et expressifs car ça tangue, ça se renverse, ça défie l’apesanteur, l’espace se recompose et se détruit, et inversement, le regard ne sait plus ce qu’il perçoit, les objets de fortune se transforment en agrès improbables, particulièrement des planches de bois à l’incroyable souplesse. Le plateau volant a des airs de radeau de la méduse, emporté par une indescriptible tempête, traversé par des trappes qui autorisent ruses et manipulations. Les personnages se font la guerre autant qu’ils s’aiment, en recherche d’un équilibre toujours à retrouver. Tout simplement magique, la scénographie de Goury ouvre à toutes les audaces d’improvisation, autour d’un canevas que l’on devine parfaitement maîtrisé. Il n’y pas d’histoire au sens propre mais toutes les histoires sont possibles, de bas en haut et de haut en bas. Voilà du cirque contemporain porté à son plus haut degré de perfection et d’inventivité. Un conte philosophique pour acrobates en quête de renaissance, à apprécier par des publics de tous âges.

Du goudron et des plumes, par la Compagnie MPTA / Mathurin Bolze. Conception : Mathurin Bolze. Assistante à la mise en scène : Marion Floras. Distribution : Tsirihaka Harrivel, Tom Neal, Maroussia Diaz Verbèke, Mathurin Bolze. Scénographie : Goury. Création Lumière : Jérémie Cusenier et Christian Dubet. Création sonore : Philippe Foch et Jérôme Fevre. Costumes : Fabrice Ilia Leroy. Grande Halle de la Villette, métro Porte de Pantin, 75019 Paris, jusqu’au 25 avril. Durée : 1 h 20. Du mardi au samedi à 20 h 30, jeudi à 19 h 30. Tél : 01 40 03 75 75. www.villette.com

En tournée, du 4 au 6 mai, Théâtre National de Bretagne à Rennes ; les 20 et 21 mai au Théâtre de la Passerelle à Gap ; les 28 et 29 mai au Théâtre de l’Onde à Velizy Villacoublay ; Du 1er au 4 juillet aux Nouvelles Subsistances à Lyon ; du 22 au 26 septembre, Biennale de la Danse à Lyon.

Photo Christophe Raynaud de Lage

A propos de l'auteur
Bruno Bouvet

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook