Paris- Théâtre Monfort jusqu’au 6 mars 2010

Arrêtez le monde, je voudrais descendre par le théâtre Dromesko

Tournez manège

Arrêtez le monde, je voudrais descendre par le théâtre Dromesko

Le théâtre Dromesko est né en 1990 ; ceux qui l’ont découvert à l’époque où il s’appelait La Volière Dromesko n’ont certainement pas oublié l’extraordinaire chapiteau en forme de volière avec ses centaines d’oiseaux et déjà, le marabout, avec sa tête chauve, ses longues jambes et son costume gris qui arpentait la piste, l’air sérieux et méditatif. Il est devenu la mascotte de la compagnie, créée par Igor et Lily en 1990, qui compte presque autant d’animaux que d’artistes. En ce temps-là, Igor était loin d’être un débutant. Il avait auparavant fondé le terrible cirque Aligre, puis le premier Zingaro avec Bartabas avec lequel il partageait le goût de la musique tzigane, des animaux et du cirque. Mais il s’est vite avéré que ces deux fortes personnalités étaient incompatibles et chacun s’en est allé de son côté. Igor est un artiste à la fois rêveur et engagé, qui se nourrit de rencontres, toujours prêt à refaire le monde, un verre à la main et son accordéon sur les genoux. Avec ce titre, citation d’Obaldia, Arrêtez le monde, je veux descendre, la couleur est annoncée : évoquer la folie de monde sur un mode résolument onirique, voire cauchemardesque, souvent surréaliste, sous forme d’une série de tableaux entrecoupés d’intermèdes dialogués assurés par un couple formé par Monique Brun et, en alternance, Jean-Marc Stehlé, Marcial di Fonzo Bo, Charlie Nelson, David Bursztein, Jean-Michel Mouron.Ces séquences loufoques où l’on entend aussi bien les fantaisies absurdes de Roland Dubillard que des propos du sociologue Pierre Bourdieu, ne fonctionnent pas au mieux dans l’économie générale du spectacle. La plupart des scènes nous emportent dans un monde fou, fou, fou, où les animaux, qui cohabitent avec les hommes, semblent bien mieux se porter qu’eux. Les panneaux verticaux du manège se lèvent et s’abaissent, dans un bruit de grandes vergues, manœuvrés par « Dieu », perché comme il se doit dans les hauteurs.

Au cœur de cette lanterne magique, chaque nouvelle scène se déploie dans une ambiance irréelle. Des musiciens jouent enfermés dans leur cage à oiseaux (car ici les vrais oiseaux sont en liberté) ; l’orchestre tzigane dans son kiosque à musique, accompagne la flamboyante Lily qui chante dans un parc pour un âne et un beau cochon tout rose ; on retrouve Igor et Lily, dotée d’étranges attributs animaliers, dans une sinistre chambre d’hôpital, trinquant avec le vin qui coule de leur perfusion. Et toujours le gentil cochon rose. On assiste au mariage de Lily avec son marabout en queue de pie et nœud pap. Une foule de cochons gris assiste impassible aux derniers sursauts de vie d’un danseur magnifique, athlète et acrobate (Baptiste Blegbo). A la fin du spectacle, les artistes chevauchent les personnages de bois du manège sur une musique mélancolique. Igor et Lily offrent une heure quarante-cinq de rêveries éveillées. Cet univers poétique entre Magritte et Kantor ouvrent des espaces propices à la libre circulation de nos propres images intérieures.

Arrêtez le monde, je voudrais descendre, conception, mise en scène et scénographie Igor et Lily ; composition musicale Alexander Balanescu ; jeu et danse : Lily, Igor, Violeta Tod-Gonzalez, Monique Brun, Baptiste Blegbo, Zina, Louis Yerly, Philippe Cottais, Manuel Perraudin et en alternance David Bursztein, Charlie Nelson, Marcial Di Fonzo Bo, Jean-Michel Mouron, Jean-Marc Stehlé ; interprétation musicale : Lily (chant), Igor (accordéon), Sandor Berki (contrebasse), Jenö Sorös (cymbalum), Janos Sandor (violon), Revaz Matchabeli (violoncelle) ; costumes Cissou Winling ; masques Fredericka Hayter | toiles peintes Catherine Rankl, Matthieu Lemarié | lumières Ronan Cabon | son Philippe Tivillier. Au théâtre Monfort du 2 février au 6 mars. A partir de 13 ans. Durée 1h45. Tel : 01 56 08 33 88.
www.lemonfort.fr

Spectacle en partenariat avec le Théâtre de la Ville

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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