en tournée

Une maison de poupée d’après Henrik Ibsen

Une adaptation impressionnante

Une maison de poupée d'après Henrik Ibsen

Après Dracula : Lucy’s dream qui mettait l’accent sur le personnage féminin de Lucy dans son combat intérieur contre la force séductrice et destructrice de Dracula, Yngvild Aspeli de la compagnie Plexus Polaire, nous propose sa version de la pièce d’Ibsen Une maison de poupée en choisissant de faire de Nora la figure centrale de son adaptation.
Ingvild Aspeli entre sur scène devant le rideau, vêtue du costume noir des marionnettistes, tenant dans ses mains un oiseau. Elle raconte que l’animal venu se fracasser contre une vitre de sa cuisine l’a émue et que cet incident est à l’origine du spectacle. De la dépouille de l’oiseau surgit une petite marionnette, Nora, que son époux l’avocat Torvald Helmer surnomme l’alouette dans le drame d’Ibsen. Le rideau s’ouvre et le décor (François Gauthier-Lafaye ) assez fidèle aux indications du dramaturge nous plonge, à la fin du XIXe siècle, dans le salon bourgeois des Helmer, maison de poupée grandeur nature dans laquelle sont installées les marionnettes de taille humaine qui attendent d’être animées. Yngvild Aspeli se glisse dans le costume de son héroïne…
Les principaux protagonistes du drame d’Ibsen sont en scène, représentés par des marionnettes qu’Yngvild Aspeli manipule seule avec toujours autant de talent ; elle prête à chacun une voix différente très caractérisée.
Nora donne d’abord l’image de la femme au foyer joyeuse, heureuse de son rôle de mère jouant avec ses enfants, satisfaite de la promotion sociale de son époux et serviable à l’égard de son amie Christine en quête d’emploi qu’elle fait engager comme secrétaire par son mari. Pour sauver son mari malade, elle a emprunté de l’argent secrètement en faisant un faux en écriture auprès de Krogstad qui, renvoyé de la banque, menace de tout révéler à son mari. Nora, effrayée, perd ses moyens ; au terme d’un long cauchemar, elle brisera les barreaux de sa cage dorée.
Yngvild Aspeli met l’accent sur le combat intérieur auquel est confrontée Nora grâce à des procédés marionnettiques efficaces qui suggèrent la violence des lois qui emprisonnent Nora. Le salon bourgeois ne semble plus aussi confortable. Sur les murs apparaissent les filaments d’une toile et une araignée surgit subrepticement, traverse la scène, se rapproche, grossit, devient monstrueuse pour finalement envahir tout l’espace scénique et encager la pauvre Nora. L’insecte fait référence à la tarentelle que Nora danse au bal costumé donné chez un voisin, une tradition italienne qui était censée permettre la guérison de la folie à la suite d’une piqûre de tarentule. L’interprétation de cette scène particulièrement impressionnante traduit parfaitement la violence des tourments éprouvés par la jeune femme et la puissance des carcans imposés par une société patriarcale misogyne. Une nouvelle Nora naît de cette danse, plus lucide, révoltée et capable de tenir tête à son mari Torvald. Elle n’est plus la petite alouette fragile, le petit écureuil, métaphores affectueuses pernicieuses et infériorisantes. Despote soucieux avant tout de sa réputation, il l’accable de propos infâmes quand il apprend qu’elle s’est rendue coupable d’une fausse signature, sans aucune considération pour sa motivation.
La mise en scène souligne l’importance de leur affrontement et la rupture de Nora avec ce monde de faux-semblants. Cette adaptation de la pièce d’Ibsen propose un gros plan sur le personnage de Nora, sur les épreuves intérieures redoutables qu’elle doit traverser pour gagner sa liberté.

Une maison de poupée, d’après Henrik Ibsen. Mise en scène : Yngvild Aspeli, Paola Rizza. Actrice-marionnettiste – Yngvild Aspeli. Acteur-marionnettiste – Viktor Lukawski. Composition musique : Curo Skumsnes Moe. Fabrication marionnettes : Yngvild Aspeli, Sébastien Puech, Carole Allemand, Pascale Blaison, Delphine Cerf. Scénographie : François Gauthier-Lafaye. Lumière : Vincent Loubière. Costumes : Benjamin Moreau. Son : Simon Masson. Plateau et manipulation : Alix Weugue. Dramaturgie : Pauline Thimonnier. Chorégraphie : Cécile Laloy
Spectacle en anglais à partie de 14 ans.
Durée : 1h30

© Johan Karlsson

En tournée :
12-13/06 - Baerum Kulturhus, Sandvika, NORVÈGE
08/09 - Figurteatret i Nordland (dans le cadre de l’IETM), Stamsund, NORVEGE
25/09 - Lutke Festival, Ludkovno Gledalisce Ljubljana, Ljubljana, Slovénie
11-17/10 - Théâtre Gérard Philippe - CDN de St-Denis, St-Denis, FRANCE
07-08/11 - La Faïencerie, Creil, FRANCE
12-13/11 - CDN de Normandie-Rouen, Rouen, FRANCE
15/11 - Le Tangram, Evreux, FRANCE
20-21/11 - Le Sablier, Ifs, FRANCE
28-29/11 - Le Trident, Cherbourg, FRANCE

A propos de l'auteur
Brigitte Coutin
Brigitte Coutin

professeur de lettres modernes en lycée

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