Paris, Petit Montparnasse

Peggy Guggenheim, Femme à son miroir de Lanie Robertson

La pasionaria de l’art moderne

 Peggy Guggenheim, Femme à son miroir de Lanie Robertson

On a connu en France le théâtre de l’Américain Lanie Robertson grâce à Georges Werler, qui a monté plusieurs de ses pièces, pour la plupart tournées vers le destin de grands créateurs ou agitateurs du siècle : Alfred Stiglitz, Georgia O’Keeffe, Billie Holiday… Autant de regards d’historien, de regards d’auteur complice dans le combat que tout inventeur mène contre la société. La facture est classique, mais traversée d’une forte humanité. Ce même sentiment se retrouve dans Peggy Guggenheim, femme à son miroir, dont la création parisienne est passée par un autre canal : le tandem Michael Stampe, pour l’adaptation, et Christophe Lidon, pour la mise en scène – des personnalités auxquelles on doit de belles réussites comme la vision de Lettre d’une inconnue que jouait encore récemment Sarah Biasini aux Mathurins.

Peggy Guggenheim, d’origine suisse et allemande, appartenait à la branche « pauvre » de sa famille. C’est-à-dire qu’elle avait quand même assez de millions pour faire des tractations dans le marché de l’art, faire vivre généreusement ses artistes favoris et constituer une collection fabuleuse qu’elle installa et qui est toujours en place dans un palais de sa ville d’adoption, Venise. Elle fut la femme de Max Ernst mais Picasso, qu’elle adorait, la détestait. En quatre tableaux, Lanie Robertson réinvente la vie passionnée de Peggy, entre 1963 et 1969, en quête et en attente de ce que l’art était en train de donner en Europe et dans le monde.
Christophe Lidon a conçu un décor à la fois personnel – le salon de Peggy - et très référentiel : quelques objets et quelques meubles sont là comme des mobiles auxquels s’adresserait le personnage. Stéphanie Bataille compose Peggy à l’opposé d’une diva : pas d’états d’âme, mais une âme tout entière engagée. Elle n’incarne pas une artiste mais une femme vivant pour ceux qui la dépassent et par ce qui la transcende. L’actrice déploie une belle énergie sensible dans ce spectacle dont la vivacité exclut les habituels défauts des monologues. Cette passionnante histoire est ainsi mise en scène sans clichés. Une belle leçon à tous points de vue.


Peggy Guggenheim, Femme à son miroir
de Lanie Robertson, adaptation de Michael Stampe, mise en scène et scénographie de Christophe Lidon, costumes d’Elisabeth Tavernier, lumière de Marie-Hélène Pinon, musique de Michel Winogradofff. Petit-Montparnasse, 19 h, tél. : 01 41 22 77 74. (Durée : 1 h 10).

Photo Lot

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter depuis un quart...

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