« Les Chinois »

ou « Quand les Chinois nous amusent il n’y a pas péril en la bonne humeur. »

« Les Chinois »

Quand le lever de rideau nous épluche la première image, on s’amuse déjà dans la pénombre en voyant apparaître un joyeux décor bricolé de réalisme volontairement inachevé : apparemment l’action se passe dans une petite blanchisserie située dans un modeste quartier de New York. On vit pratiquement dans la boutique à travers, autour, et au milieu des chemises repassées, accrochées aux murs, tels de joyeux pantins fantomatiques. Ils sont accompagnés des vapeurs incantatoires des fers à repasser qui tentent de siffler comme des locomotives.

Dans ce bric-à-brac monsieur et madame Lee gazouillent de leur belle et joyeuse langue chinoise et quand leur fils Chester arrive, ils s’énervent tous trois dans un mélange d’anglais, de chinois brouillé d’un français décousu et chiffon.

Entre quelques valses de bassines et trois nuages de vapeurs sifflantes, on remet à nouveau sur la natte la question préoccupante : Comment et à qui marier ce grand dadais de fils ? Bien sûr, ce dernier en pince (...à linge *) pour la jeune et voluptueuse américaine, Gladys, toute chaude sortie du cliché des plus fatal. Pour équilibrer l’affaire les parents de Chester préfèrent la nunuche de voisine, mademoiselle Pu Ping Chow, sérieuse, silencieuse et sagement expatriée comme eux.

Bien sûr, nous connaissons le sérieux de l’auteur Murray Schisgal et cette comédie, en s’épluchant comme un oignon, nous fera découvrir d’autres préoccupations. Il y a entre autres, toutes ces allusions concernant ces deux civilisations qui s’exposent dans une particularité réciproque.

Il y a aussi, en filigrane l’inquiétude du fils quant à sa propre origine…

Tout cela donne un spectacle attrayant et le metteur en scène, Sonia Ledoux, a su trouver le rythme et la respiration de ces temps différents à offrir au spectateur.

Les comédiens sont en harmonie, toujours précis, engagés, sachant bien garder la réserve. Ainsi, ils ne tombent pas dans le piège complaisant de la caricature.

Bref, l’ensemble est drôle et intelligent

Alors, dans la morosité du paysage théâtral actuel cette création nous autorise à rire et à faire un pieds-de-nez à certains censeurs rétrécis que nous n’avons nullement convoqués.

*Ce jeu de mot subtil fait parti des recherches menées par notre groupe du CNRS.

Espace Roseau Festival Off d’Avignon. Tous les jours à 18 H.
1 h 30

A propos de l'auteur
Jacky Viallon
Jacky Viallon

Jacky Viallon aurait voulu être romancier à la mode, professeur de lettres ( influencé par les petites nouilles en forme de lettres qu’on lui donnait tout petit dans sa soupe et qu’il taquinait avec sa grande cuillère en argent symbole d’une grande...

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1 Message

  • « Les Chinois » 19 juillet 2011 09:44, par Sonia Ledoux

    Bonjour Jacky,

    Un grand merci pour cette très belle critique des "Chinois".
    Elle nous touche tous d’autant plus qu’elle est la première !

    J’espère que tout se passe bien pour vous aussi !

    A très vite,
    Sonia

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