Léonard de Vinci de Brigitte Kernel et Sylvia Roux
L’ascension d’un artiste gaucher
Léonard de Vinci est, en ce moment, au Louvre, en majesté. Un seul spectacle, en parallèle, lui rend hommage. C’est la pièce de Brigitte Kernel et Sylvia Roux qu’a mise en scène Stéphane Cottin au Petit-Hébertot. Conformément au livre de Brigitte Kernel dont le spectacle est tiré, ce n’est pas le Vinci connu qui est mis sous les projecteurs du théâtre, mais la jeunesse du génie, tâtonnante, contrariée, obsédée déjà par ses thèmes majeurs.
Mal-aimé de son père, le jeune Toscan subit pas mal d’humiliations mais il a un grand-père qui le comprend. Son premier carnet s’emplit de dessins d’une exécution parfaite et d’une invention autant technique que poétique… On le suit traquant l’image idéale d’un jocond ou d’une joconde, dans son lent envol de gaucher, qui écrira toujours à l’envers, ne pouvant être compris que si on le lit dans l’inversion d’un miroir !
Stéphane Cottin situe l’essentiel de l’action sur un immense carnet, grand comme un lit ou un tréteau : l’artiste naît et vit sur une page blanche. Sans abuser de la vidéo, des projections d’œuvres interviennent discrètement, donnant l’impression de l’avancée facile et sans tapage d’un artiste à peine conscient de ses dons. Grégory Gerreboo incarne Vinci dans la simplicité de la jeunesse : c’est un acteur élégant et vrai. Lui, les auteurs et le metteur en scène ont su créer un livre de vie en évitant les facilités d’un livre d’images.
Léonard de Vinci, L’Enfance d’un génie de Brigitte Kernel et Sylvia Roux d’après le roman de Brigitte Kernel (éditons Leduc.s)), mise en scène de Stéphane Cottin, scénographe de Sophie Jacob et Stéphane Cottin, lumière de Marie-Hélène Pinon, costumes de (Chouchane) Abello Tcherpachian, son de Cyril Giroux, avec Grégory Gerreboo et la voix de Lisa Schuster.
Studio Hébertot, 17 h le samedi, tél. : 01 42 93 13 04. (Durée : 1 h 20).
Photo Cyril Varoff.
