La Cantate à trois voix de Claudel
Trois voix, trois destins
Ce spectacle est aux frontières du théâtre et de la poésie. Il plaira peut-être plus aux amateurs de poésie, bien qu’il y ait une action subtile développée par une mise en scène qui vise à l’invisible. La « cantate » de Claudel, c’est d’abord un chant dont la musique et la charge d’émotion viennent du langage. Trois jeunes filles, au long d’une nuit, expriment leur attente, leur passion, leur plainte. Chacune a une histoire, chacune a un registre, selon une palette qui va du bonheur au malheur et du malheur au bonheur. De l’entrecroisement de ces chants naît et grandit un hymne à la vie, à la nature, à l’amour et à Dieu.
Ulysse di Gregorio a disposé ses trois actrices sur une sorte d’île, un récif. Elles sont serrées sur un petit espace, chacune dans une position différente : assise, à genoux et debout. Elles portent la même robe, blanche, faite de gaze (en fait en soie de parachute, un matériau récupéré après la dernière guerre ! ). Immobiles et pourtant frémissantes, ces trois femmes associent très joliment la vibration intérieure et la dignité du rite. Marianne Duchesne sait apporter de la dissidence, de la différence, quelque chose de plus passionnel. Colline Moser va, sans éclats, vers la plénitude du chant. Julie Mauris-Demaurioux mêle de façon émouvante les accents de l’adolescence à ceux de l’âge adulte. Dans cette proximité d’une mise en scène qui réussit à opposer et à unir ces trois élégies, la langue claudélienne palpite d’’une contagieuse jeunesse.
La Cantate à trois voix de Paul Claudel, mise en scène d’Ulysse Di Gregorio, scénographie de Benjamin Gabrié, costumes de Savador Mateu Andujar, avec Marianne Duchesne, Julie Mauris-Demourioux, Coline Moser.
Aktéon Théâtre, les samedi et dimanche à 18 h, tél. : 01 43 38 74 62, jusqu’au 11 octobre. (Durée : 1 h 10).
Photo DR.