Paris - Théâtre des Champs Elysées - jusqu’au 7 mars 2009

LE NOZZE DI FIGARO de W. A. Mozart

Presque un classique

LE NOZZE DI FIGARO de W. A. Mozart

C’est la quatrième reprise de cette production née en 2001 dans l’alerte, espiègle et picturale mise en scène de Jean-Louis Martinoty. Non seulement elle n’a pas pris une ride mais semble s’être bonifiée comme le vin. Toutes sortes de nuances et de trouvailles dans la direction d’acteurs vivifient encore davantage le jeu des chanteurs, et comme toutes et tous ont une diction impeccable, La Folle Journée mise en opéra par Mozart et Da Ponte retrouve le suc et le souffle de Beaumarchais.

C’est donc une comédie dont il faut rire et s’amuser mais qui trace dans les consciences bien des points d’interrogations sur le désir qui fait monter l’adrénaline, sur les rapports de maître à valet, dans ce siècle-là et dans le nôtre, d’homme viril à femme inquiète, autrefois comme aujourd’hui et ce fameux droit de cuissage féodal dont les trois auteurs et compositeur prêchent l’abolition et qui a tout simplement changé d’appellation contrôlée…

Un album d’images à feuilleter d’acte en acte et de scène en scène

Martinoty, on le sait, est grand amateur de peinture et quand il ne se laisse pas piéger par ses leçons de choses illustrées au musée (voir webthea du 24 février 2008 la critique de Thésée de Lully et webthea du 15 mars 2008 celle d’Andrea Chénier de Giordano), ses incursions dans les trompe l’œil, les natures mortes, les allégories et paysages se révèlent d’excellents fils conducteurs, à la fois poétiques et intemporels. Sommes nous dans les greniers d’un collectionneur ou dans les réserves d’un musée ? Qu’importe ! On peut rêver sur les clairs obscurs des écoles flamandes, sur le raffinement de la Renaissance italienne ou l’élégance française à la Chardin. On retrouve avec plaisir le sol en pente légère aux allures de palette barbouillée de bleu, d’ocre et de vermillon (voir webthea du 16 octobre 2005), les changements de lieux que déterminent les montées et les descentes des cintres d’un véritable album d’images à feuilleter d’acte en acte, de scène en scène.

Les battues dansantes de Marc Minkowski

Les bonheurs du décor de Hans Schavernoch sont restés à l’identique, et c’est dans la fosse que le principal changement s’opère : les musiciens du Louvre-Grenoble succèdent à ceux du Concerto Köln et Marc Minkowski prend la relève de René Jacobs et de Evelino Pido qui en avaient précédemment assuré la direction en légèreté et allégresse. Minkowski maintient l’enchantement et l’imprègne de sa patte avec ses battues dansantes, sa façon d’enchaîner les tempos presque en état d’apesanteur et l’attention qu’il porte à ses instrumentistes, les cordes comme les vents et l’excellent piano forte de Francesco Corti.

La distribution nouvelle à trois exceptions près, est d’une remarquable homogénéité, sans révélation fracassante ni canard boiteux : on retrouve le comte don juanesque et macho de Pietro Spagnoli, le Bartolo d’Antonio Abete et surtout le délicieux Cherubino d’Anna Bonitatibus, on découvre le couple Vito Priante/Figaro et Olga Peretyatko/Suzanne, lui jeune mâle en pétard, elle, bout de femme coquine et futée. La comtesse de Maija Kovalevska, soprano lettone, est toute jeunette, plus proche de l’âge et de la fantaisie de Suzanne sa suivante que d’une maîtresse femme aux prises avec les adultères de son mari. Elle reste ainsi la Rosine du Barbier de Séville ce qui, après tout, est assez juste. Sophie Pondjiclis campe une savoureuse Marcelline et Jean-Paul Fouchécourt s’amuse visiblement à incarner un Don Basilio à la fois rustaud et gouailleur.

Le Nozze di Figaro de W. A. Mozart, livret de Lorenzo Da Ponte d’après La Folle Journée ou le Mariage de Figaro de Beaumarchais. Les musiciens du Louvre-Grenoble, direction Marc Minkowski, chœur du Théâtre des Champs Elysées, direction Philip White, mise en scène Jean-Louis Martinoty, décors Hans Schavernoch, costumes Sylvie de Segonzac, lumières Fabrice Kebour, chorégraphie Cooky Chiapalone. Avec Vito Priante, Olga Peretyatko, Pietro Spagnoli, Maija Kovalevska, Anna Bonitatibus, Antonio Abete, Sophie Pondjiclis, Amanda Forsythe, Jean-Paul Fouchécourt, Serge Goubioud, David Pelissero.

Théâtre des Champs Elysées, les 25, 27 février, 3, 5, 7 mars à 19h30, le 1er mars à 17h.

01 49 52 50 50 – www.theatrechampselysees.fr

crédit photographique : Alvaro Yanez

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

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