Paris, Comédie des Champs Elysées

L’Intrus d’Antoine Rault

Pas de deux

L'Intrus d'Antoine Rault

Le diable est un malin... Il met en œuvre sa belle inventivité, ses talents de psychologue, fin connaisseur de la nature humaine, son goût du jeu pour prendre ses victimes dans ses filets. En l’occurrence, il a jeté son dévolu sur un vieux scientifique qui a consacré ses recherches à explorer le cerveau et qui supporte mal d’avoir été mis au ban de la faculté. C’est ainsi que le diable, incarné par un Nicolas Vaude vraiment à son affaire, cabriole autour du vieil homme fatigué et bougon, qui a trouvé en Claude Rich un interprète parfait, jusqu’à le faire céder à sa proposition de pacte : plutôt que de mourir dans deux ans de la maladie d’Alzheimer, la pire des fins pour un chercheur, il lui offre une journée de jeunesse au terme de laquelle il mourra sans souffrance. La taille cambrée, l’air perpétuellement goguenard, la jeunesse insolente, ce diable-là est un feu follet qui resurgit de nulle part aussitôt qu’on le croit disparu. Après bien des atermoiements, parfois un peu longuets, le vieil homme accepte et les rôles s’inversent (et s’inverseront plusieurs fois selon les hésitations de la victime), Claude Rich endosse le rôle du diable et Nicolas Vaude celui du chercheur redevenu jeune. L’astuce est amusante et donne un certain rythme mais en même temps implique des développements un peu inutiles et parfois lourds.

Pas facile de parler de notre relation à la mort. Antoine Rault semble plus à son aise avec les sujets historiques (Le Diable rouge avec Claude Rich cette fois le diable était Mazarin ou même Le Caïman qui nous parlait d’Althusser) dont il maîtrise davantage la forme. Néanmoins, il réussit à donner de l’épaisseur à ces deux personnages. Et, malgré la mise en scène de Christophe Lidon un rien grandiloquente dans un décor ostensiblement symbolique (Catherine Bluwal), on se régale du duo Claude Rich/Nicolas Vaude, deux comédiens magnifiques qui nous laissent sous le charme.

L’Intrus d’Antoine Rault, mise en scène Christophe Lidon. Avec Claude Rich, Nicolas Vaude, Delphine Rich, Jean-Claude Bouillon, Chloé Berthier. Décor, Catherine Bluwal, Costumes Claire Belloc, Lumières Marie-Hélène Pinon, Son, Michel Winogradoff. A la Comédie des Champs-Elysées, du mardi au samedi à 21h, dimanche 16h30. Tel : 01 53 23 99 19. Durée : 1h45.

PhotoLot

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook