Paris-Théâtre Mouffetard jusqu’au 21 novembre 2009
Dom Juan de Molière
Service réduit
Cyril Le Grix lance Dom Juan sur deux directions : la réflexion métaphysique du héros (« l’athée se met à douter de son athéisme », ce qui est neuf en effet – et discutable ! ) et l’image de la maturité et même de la vieillesse. Pour ce faire, et pour utiliser moins d’acteurs, il abrège la pièce, en la taillant véritablement à coups de ciseaux. Le séducteur a à peine le temps de faire son périple et de rentrer chez lui qu’il est déjà en train de mourir dans les bras de Sganarelle disant : « Mes gages, mes gages ! ».
Nous n’avons rien contre l’allègement de quelques classiques, ceux-ci étant assez forts pour se remettre des coupures qu’on peut leur infliger. Mais la version de Le Grix fait disparaître une heure du texte. C’est peut-être beaucoup. Le vrai problème est cependant ailleurs. A vouloir épurer, l’amincisseur de service vide l’œuvre de sa substance et le plateau de ses événements. On a besoin des rodomontades de Don Juan et de ses raisonnements ! On souhaiterait plus d’idées pour faire vivre la scène dépouillée. A part l’heureuse invention d’un Sganarelle plus dragueur que son maître, dans la première scène, tout est d’une austérité implacable que n’égaient que les changements de costumes opérés par les personnages secondaires. Jean-Pierre Bernard est chargé d’incarner le séducteur atteint par l’âge. Il a la technique et l’allure souhaitées. Mais peut-on livrer à lui-même un personnage qui existe d’abord à travers son défi à la société ?
Dom Juan de Molière, adaptation, scénographie et mise en scène de Cyril Le Grix, costumes de Catherine Lainard, lumières de François-Eric Valentin, design sonore de Benjamin Le Calvé, avec Jean-Pierre Bernard, Catherine Jarrett, Alexandre Mousset, Philippe Fossé, Caroline Schaal et la voix de Laurent Terzieff. Théâtre Mouffetard, tél. : 01 43 31 11 99, jusqu’au 21 novembre
