Paris, théâtre de la Colline
Dans la jungle des villes de Bertolt Brecht
Mise en éclats
C’est la grande pièce rimbaldienne de Brecht, une œuvre de jeunesse échevelée et fondée sur un conflit âpre entre deux personnages, un homme libre et un homme riche : Garga et Schlink. Le comprend-on bien dans cette adaptation qui allège le texte et multiplie les langages, en ajoutant du rock et de la vidéo, dans un décor de ville lumineuse vite mis en morceaux ? Roger Vontobel, metteur en scène suisse œuvrant beaucoup en Allemagne (où il a collectionné les récompenses), commence malicieusement avec une transposition du dialogue brechtien dans un magasin de DVD ! Ensuite, c’est moins clair, l’action et les dialogues étant pulvérisés dans un éclatement de scènes traversées par le rock et chahutées par la modification du décor.
Le spectacle donne plus l’impression d’une expérience inaboutie que d’une tentative menée jusqu’à son terme. Il n’est pas sûr que la collaboration entre le metteur en scène et les acteurs (Clément Bresson et Arthur Igual dans les rôles principaux) ait eu le temps d’aller là où Vontobel voulait aller : le jeu, qui utilise ou n’utilise pas les micros selon les moments, paraît bien inégal. C’est une première mise en scène de cet artiste en France : il échoue avec les honneurs. C’est brouillon et brillant.
Dans la jungle des villes de Bertolt Brecht, traduction de Stéphane Braunschweig, adaptation et mise en scène de Roger Vontobel, collaboration artistique et vidéo de Christine Seghezzi, dramaturgie d’Anita augustin, scénographie de Claudia Romer, costumes d’Eva Martin, musique de Daniel Murena, avec Clément Bresson, Rodolphe Congé, Cécile Coustillac, Annelise Heimburger, Arthur Igual, Sébastien Pouderoux, Philippe Smith, John Arnold – et Daniel Murena, musicien. Théâtre national de la Colline, tél. : 01 44 62 52 52, jusqu’au 7 juin.
© Elisabeth Carecchio
