Paris, Théâtre Edouard VII

Audition de Jean-Claude Carrière

Examen raté

Audition de Jean-Claude Carrière

Commentant le principe de Audition de Jean-Claude Carrière, dont il signe la mise en scène dans son Théâtre Edouard VII , Bernard Murat affirme ceci : « Il y a une pièce dans la pièce, à la manière des poupées russes que l’on ne finit pas d’ouvrir et que l’on remonte dans l’autre sens. Audition commence et s’achève donc comme une pièce de théâtre, avec les saluts des comédiens. De manière un peu provocante, je dirais qu’au milieu, il n’y a pas de pièce : mais cette absence de pièce est une pièce, qui génère une action, avec l’irruption d’un diable, d’un directeur de théâtre ou d’une secrétaire. » Brisons là, puisque la référence est explicite : audition ne serait rien de moins qu’une pièce pirandellienne, dont la signification réelle se cacherait dans les replis d’une écriture mystérieuse. Or, de mystère, il n’y a point dans ce texte vaguement prétentieux qui ne tarde pas à révéler son insondable platitude. Quelques années après La terrasse, qui n’avait guère laissé un souvenir impérissable, Jean-Claude Carrière se montre décidément moins à son aise dans l’écriture théâtrale que dans l’art du scénario, discipline dans laquelle il a gagné ses lettres de noblesse, pour Luis Bunuel, Jean-Luc Godard, Louis Malle et tout récemment Michael Haneke, Palme d’or l’an dernier à Cannes pour Le ruban blanc.

Ici, le spectateur assiste tout bonnement à une audition - un casting, dirait-on aujourd’hui- à laquelle participent des comédiens en quête de rôle… et d’existence. A l’intention de l’esprit distrait qui ferait preuve de négligence, la métaphore du théâtre dans le théâtre est soulignée à gros traits. Et pour faire bonne mesure, on convoque des personnages aussi attendus et caricaturaux que le directeur hystérique et la secrétaire nunuche. Tout cela ressemble furieusement à du café-théâtre, avec situations convenues et mimiques appuyées, sauf que l’on a convoqué pour la circonstance l’un des monstres sacrés du cinéma français : Jean-Pierre Marielle. Ce comédien à l’immense stature impose trop de respect pour que l’on éprouve le besoin d’insister sur son rôle, qui le contraint à cultiver à l’excès ses penchants cabotins. De même, on éprouve une certaine tristesse pour l’ensemble de la distribution (et notamment Roger Dumas, obligé de revêtir un pathétique costume de diable), abandonnée dans le grand décor d’un théâtre mis à nu. Dans cette Audition totalement ratée, seul Manu Payet parvient à décrocher un satisfecit. Délaissant son registre habituel du one-man-show, le jeune humoriste fait preuve d’une touchante fragilité, qui en dit long sur son potentiel. Souhaitons- lui de l’exprimer vite dans une autre aventure collective.

Audition de Jean-Claude Carrière. Mise en scène de Bernard Murat. Assistante à la mise en scène : Théodora Mytakis. Avec Jean-Pierre Marielle, Audrey Dana, Manu Payet, Roger Dumas, Hubert Saint Macary et Kym Thiriot. Scénographie : Nicolas Sire. Musique : Benjamin Murat. Costumes : Emmanuelle Youchnovski. Lumières : Laurent Castaingt. Théâtre Edouard VII, 10 place Edouard VII, 75009 Paris. Du mardi au samedi à 21h, samedi à 17h30 et dimanche à 15h30. Durée : 1H40 sans entracte. Places à 53, 46, 37, 27 et 20 € (+ 2,50 € de frais de réservation par place)
Tarif étudiant : 26,50 € - Tarif jeunes, moins de 26 ans : 10 € (dans la limite des places disponibles)
Location : 01 47 42 59 92

crédit photographique : Marianne Rosenthiel

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Bruno Bouvet

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