Réception de la chorégraphe et danseuse Carolyn Carlson à l’Académie des Beaux-Arts
Femme-insecte en habit vert
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- 20 juin 2022
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Un critique en 1975 qualifiait de « femme-insecte » la danseuse et chorégraphe franco-américaine Carolyn Carlson après ses premières apparitions à Paris. Il poursuivait : « son corps distille le mouvement : saccades, arrêts brusques, vibrations à peine perceptibles ou larges ondulations, comme si son être tout entier était comme un sismographe enregistrant les multiples variations de la vie intérieure. Avec elle le moteur humain a ses ratés, ses emballements, ses blocages, ses trépidations ».
47 ans plus tard, son apparition pour son installation dans la nouvelle section de chorégraphie à l’Académie des Beaux-Arts, sous la coupole de l’Institut de France, le 15 juin 2022, ne contredisait en rien cette description.
Sanglée dans sa redingote d’habit vert créée par la Maison de couture Agnès b. Le corps de la danseuse et chorégraphe reste souple, la silhouette mobile, (les bras et les doigts surtout). Avec humour et élégance, Carolyn Carlson a lu en français avec un léger accent anglais son discours de réception, une succession de phrases courtes, ponctuée de projections de films de ses ballets les plus connus et de démonstrations d’exemples de son art par des improvisations de jeunes danseurs, illustrant « l’art éphémère de l’expression, dit-elle, la présence de l’essence sans mot ».
Laurent Petitgirard qui recevait la nouvelle académicienne dont, il a raconté la vie et la carrière, des Etats-Unis à la vieille Europe en passant principalement par Paris, Venise, Stockholm, Roubaix et Paris en définitive, a fait appel au biographe de Carolyn Carlson, le psychanaliste Thierry Delcourt, lequel décrit notamment l’influence du Français Gaston Bachelard sur son travail. (1)
« Il est , écrit-il, le support d’une partie de la conceptualisation de sa création . Ce poète et philosophe lui a permis de formuler et de conforter la place essentielle de l’image matérielle déjà là, par sa présence réelle et symbolique comme le sont une fenêtre ou une porte. Cette image matérielle aide Carolyn à construire ses images poétiques et sa poésie visuelle durant tout son parcours de création ».
La danseuse-chorégraphe pour sa part dans son discours devait insister sur l’importance que fut pour elle, en 1965 à New York, la rencontre avec le chorégraphe américain Alwin Nicolaï , le « passeur subtil » qu’elle appelle « mon maître » et dont elle cite un propos en clôture de son discours : « Chaque nouvelle perspective de l’art détruit une autre barrière sur le chemin de la quête de l’homme pour sa liberté. La caractéristique principale du regard chorégraphique contemporain, c’est la liberté. Mais celle-ci est à envisager du point de vue primordial de la vie qui est tout et vraiment tout, très exactement ce qu’on appelle l’Art ».
(1) « Carolyn Carlson de l’intime à l’universel », Actes Sud.