Drache nationale
Antidote à la morosité
Dans la langue française de Belgique, le substantif « drache » désigne une pluie diluvienne. Si on lui accole l’adjectif « nationale », c’est qu’elle est réputée s’abattre le 21juillet, jour de fête nationale, sur les troupes en train de défiler.
Le titre de ce spectacle annonce donc bien la couleur : celle d’une catastrophe inévitable qui n’empêche pas, malgré tout, les événements de se dérouler. C’est dire que nous voici au cœur d’un univers du nonsense. D’ailleurs, les premiers spectateurs qui pénètrent dans la salle sont censés avoir la puce à l’oreille puisque le trio de comédiens qui se trouve déjà sur le plateau ne cesse de pratiquer une sorte de quête sans fin en testant les endroits de la scène où éventuellement se placer pour être au mieux dans les éclairages. Et cela dure au moins jusqu’au moment où la salle est pleine.
La suite va se dérouler sous forme d’une enfilade de courtes saynètes se succédant rapidement sans grands rapports entre elles, hormis qu’il y a chaque fois une ondée, une bourrasque, un crachin ou autre déluge. Ce déroulement finit par constituer une sorte d’échantillonnage de contrariétés qui n’entament en rien l’optimisme des protagonistes.
C’est drôle, surprenant, proche d’une démarche circassienne puisque le comportement de Tom Boccara, Gaëlle Coppée et Denis Michiels est d’abord voué à la clownerie, ensuite à la jonglerie, le tout évoluant résolument vers la dérision, voire l’autodérision appuyée. Le trio prend de manière visible plaisir à des joutes verbales et corporelles réglées avec minutie et jouées avec brio.
Nul besoin de réflexion, d’interrogations, de références philosophiques pour se rendre compte qu’il s’agit d’absurde, de décalage caricatural sous prétexte de susciter le rire en usant de procédés comiques récurrents. Pot pourri plutôt que pêle-mêle, en brassage constant de répétitivité, actes manqués, détournement des poncifs des contes de fée, manipulation outrancière d’accessoires, parodie permanente, faux semblant de virtuosité ingérable, mort d’un ami, nostalgie des boums de jadis, rêves effilochés… Un menu dont la carte est surchargée, jouée dans un rythme survitaminé et une énergie de ruisseaux en crue.
Durée : 55’
En tournée :
23.07.2024 Le Palace Montaraire
17-18.08.2024 Festival Chassepierre (Be)
20.09.2024 Le Palace Ath (Be)
21-22.09.2024 Festival Cergy-Pontoise
28-29.09.2024 Fêtes romanes Bruxelles (Be)
10-11.10.2024 Centre culturel Uccle (Be)
16-17.10.2024 Quai des Arts Pornichet
19.01.2025 L’Escale Tournefeuille
05.02.2025 La Batude Beauvais
23.05.2025 Théâtre de Verdure Vitrolles
24-25.05.2025 Odyssud Blagnac
Conception, interprétation : Tom Boccara, Gaëlle Coppée, Denis Michiels ; coaching, mise en scène : Bram Dobbelaere ; conseils artistiques et dramaturgiques : Gaël Santisteva ; conseils en jeu clownesque : Christine Rossignol- Dallaire ; création lumière : Thibault Condy ; costumes : Héloïse Mathieu ; diffusion et production : Chantal Heck - La Chouette Diffusion : production : Cie Scratch ; coproductions, résidences : Maison de la culture (Tournai [Be]), Perplx, Latitude 50-Pôle des Arts du Cirque et de la Rue, UP - Circus and Performing Arts, Festival international des Arts de la rue (Chassepierre [Be]), Centre culturel Wolubilis, Centre culturel du Brabant Wallon, (Court-Saint Etienne [Be]) ; soutiens : Risotto, réseau pour l’essor des arts de la rue et de l’espace public en Île-de-France ; résidences : Archipel 19, Centre culturel (Berchem-Sainte-Agathe et de Koekelberg [Be]), Centre culturel (Uccle [Be] ) La Batoude, Beauvais - Subventions : Fédération Wallonie-Bruxelles - Wallonie-Bruxelles Théâtre-Danse - ciescratch.eu
Photo (c) Thomas Andrien
