Note d’auteur
Comment se déculpabiliser face à sa plume avant de lui tremper définitivement le bec dans l’encrier.
- Publié par
- 4 avril 2008
- Billets d’humeur
- Jacky Viallon
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L’auteur se jouant et jouant son propre rôle dans le même personnage de la vie qui ne peut-être sans aucun doute que la sienne :
L’auteur a posé sa petite pancarte devant lui. Il s’appelle Auteur. C’est un joli nom Auteur. Il aurait pu s’appeler : Largeur, Grandeur, Petitesse. Ah, non, l’Auteur n’aurait pas aimé s’appeler Petitesse. De toute manière c’est idiot, il ne s’appelle pas Auteur, il s’appelle par son nom. La preuve son nom est inscrit sur la pancarte en grosses lettres bâtons. Son nom est droit debout. Il n’y a aucun doute, c’est bien lui ! C’est bien moi !
L’auteur est heureux, tout le monde voit bien qu’il sait écrire : il a déjà écrit son nom.
Alors encouragé par ce grand élan d’inspiration, il se penche sur le monde pour tenter d’écrire autre chose que son nom.
Mais, inexorablement la plume revient sur lui, le pique, l’excite et ne parle que de lui. L’auteur qui n’est pas complètement égocentrique pousse du bras gauche son bras droit pour tenter d’éloigner la plume de sa grosse petite personne.
Alors la plume part pleurnicher sur les affaires du monde. Elle tente de s’intéresser à quelques drames et croque quelques images, afin de les rapporter à l’auteur, pour l’aider à se culpabiliser. Alors il pleure de ne pas avoir su s’engager dans de grands combats.
" Merci, merci de tes images aussi dures, mais j’ai trop à faire avec moi-même "dit-il gentiment à sa plume. " Laisse-moi, va courir, va t’angoisser un peu plus loin. Tu me gâches le plaisir d’écrire. Je suis un poète, je ne suis pas un journaliste. Je dois rester derrière ma pancarte pour y écrire des pensées secrètes. Surtout ne vient pas me gâcher la vue en glissant sur mon papier des mots du genre : Misère, Différence, Intolérance…
Allez, allez, va, je t’affranchis. Ecris ce que tu veux et surtout ne viens pas répandre tes larmes d’encre sur mes pages blanches. "
Je viens d’écrire mon nom c’est bien suffisant, largement suffisant, pour y crier en un seul mot toute la misère du monde.
Signé : Le directeur de la terminaison finale des idées premières.