L’Arlésienne d’Alphonse Daudet par Daniel Mesguich aux Enfants du paradis
Le retour de l’Arlésienne
L’Arlésienne, c’est ce personnage dont on parle mais qu’on ne voit jamais. Daniel Mesguich, seul en scène, la fait revivre en donnant la parole à tous ceux qui ont été témoins de la passion fatale que cette absente pouvait allumer.
IL Y A QUELQUES ANNÉES, DANIEL MESGUICH et le regretté Jean-Claude Malgoire ont eu l’idée de donner vie à L’Arlésienne d’Alphonse Daudet, telle qu’elle a été mise en musique par Bizet. Ou plutôt, ont choisi de faire entendre la musique de scène qu’imagina en 1872 le compositeur pour accompagner la pièce que Daudet avait écrite à partir de sa brève nouvelle publiée en 1869 dans Les Lettres de mon moulin. Ce spectacle, dans lequel Daniel Mesguich jouait tous les personnages, a beaucoup tourné et fait l’objet d’un enregistrement*.
Le temps a passé et Daniel Mesguich a souhaité revenir à L’Arlésienne, mais sans la musique. Seul en scène, avec un décor qui se dessine derrière lui comme par enchantement, il lit pour nous la pièce en donnant une voix à chacun des personnages (le vieux berger Balthazar, le jeune héros Frédéri, Rose la mère de Frédéri, mais aussi la timide Vivette, le frère de Frédéri qui n’est autre que le très clairvoyant Innocent, etc.), en prenant pour chacun, également, un accent provençal qu’on jurerait vrai.
Comme nous l’écrivions, rien n’est ici affecté ou grotesque, là où un mauvais comédien s’égarerait dans une espèce de parodie : il s’agit au contraire d’un numéro d’une virtuosité confondante, ou plutôt d’une multiple incarnation qui donne une vérité saisissante au texte de Daudet. Le fait que Mesguich, en outre, lise les didascalies quand il le faut, mais les oublie quand le drame se précipite, donne à ce spectacle habité une espèce de réalité vertigineuse. C’est beau, fiévreux, poignant.
* 2 CD Auvidis.
Illustration : Daniel Mesguich (photo dr)
Alphonse Daudet : L’Arlésienne par Daniel Mesguich. Les Enfants du paradis, 34, rue Richer, Paris 9e ; tous les dimanches à 15h30 jusqu’au 26 mai (relâche le dimanche 5 mai).