Delphine et Carole

Une séquence jubilatoire de l’histoire du féminisme

Delphine et Carole

A partir d’une anecdote authentique qui eut pour aboutissement un documentaire intitulé « Delphine et Carole, insoumuses » filmé par Callisto Mc Nulty, Marie Rémond a réalisé avec Caroline Arouas un spectacle qui revisite le féminisme des années 1970.

Au départ, le lancement d’une nouveauté technologique révolutionnaire par la multinationale Sony : une caméra portable autonome, la portapak, filmant les images et enregistrant simultanément le son. Instrument qui séduit la journaliste-réalisatrice Carole Roussopoulos. Subjuguée par les performances de cet outil militant rendant possibles des tournages en direct sur les lieux des événements, emportée par son enthousiasme, elle organise des formations.

Parmi celles qui se présentent comme stagiaires, une certaine Delphine Seyrig dont elle ignore qu’elle est déjà une star de films d’auteurs dont le mythique « Année dernière à Marienbad  » de Resnais et le féérique « Peau d’Âne » de Demy. Cette rencontre engendre évidemment des projets. C’est l’époque où le féminisme est revigoré par les remous de mai 68 et les bouleversements socio-politoco-économiques qui permettront aux femmes de modifier une part non négligeable du machisme ambiant.

Cette aventure est donc mise en scène par un duo de comédiennes, Marie Rémond et Caroline Arrouas. Elle donne à ces deux complices l’occasion d’évoquer la pesanteur du sexisme mâle, la rigidité des préjugés, le poids du patriarcat. Elles ont choisi une forme théâtrale traditionnelle sans pour autant rester trop classiques.

Le décor accuse son réalisme de lieu intérieur. Il a pour fonction d’associer d’un seul tenant un endroit de vie et des endroits de travail. Les deux partenaires joueront tous les rôles. Il leur suffit de quelques perruques et autres accessoires tels que moustache ou vêtements. Elles prennent manifestement un joyeux entrain à ce jeu d’identités variables menées selon les codes de la comédie.

Leurs dialogues passent en revue les formes de résistance vers une autonomie féminine libérée des tutelles omniprésentes des hommes. La plus affirmée se situe dans les rencontres avec un directeur de théâtre à qui est proposé de monter la pièce qui est en train d’être jouée au présent devant le public. Son désintérêt patent, son indifférence à un contenu supposé non vendeur, sa muflerie fondamentale se conjuguent jusqu’à la farce.

Mine de rien, bien des problèmes affrontés lors des années 70, époque durant laquelle est programmée une journée mondiale de la femme, des prostituées occupent une église, la mode met en valeur le corps féminin, des manifestations défilent en faveur de l’avortement… Tous rappels historiques qui nous amènent à percevoir les progrès accomplis depuis mais aussi à mesurer les insuffisances à éradiquer.

Durée : 1h20
Création, jeu : Marie Rémond, Caroline Arrouas ; idée : Marie Rémond ; scénographie : Clémence Delille ; collaboration artistique : Christophe Garcia ; costumes : Marie La Rocca ; création son, régie : Margaux Robin ; création lumières : Thomas Cottereau ; régie générale : Guillaume Lorchat ; régie plateau : Emmanuelle Humblot ; perruques : Phenoey Tehitahe ; construction décor : La villa Moulins ; production : Comédie (Reims) ; coproduction : Théâtre des Quartiers (Ivry) – Théâtre de la Cité (Toulouse)
Photo © Simon Gosselin

A propos de l'auteur
Michel Voiturier
Michel Voiturier

Converti au théâtre à l’âge de 10 ans en découvrant des marionnettes patoisantes. Journaliste chroniqueur culturel (théâtre – expos – livres) au quotidien « Le Courrier de l’Escaut » (1967-2011). Critique sur le site « Rue du Théâtre » (2006-2021)....

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