Comme s’il en pleuvait de Sébastien Thiéry

Et s’il pleuvait des rires !!!!

Comme s'il en pleuvait de Sébastien Thiéry

Sébastien Thiéry, avec son regard de clown blanc, écrit un théâtre où le quotidien bascule dans l’absurde. Depuis Dieu habite Düsseldorf, nous attendons la nouvelle pièce de cet auteur qui pousse les limites du décalage intempestif. Comme toujours, le début s’inscrit dans une banalité que nous pourrions tous vivre. Bruno trouve sur la table du salon un billet de 100 euros. Or ce billet ne lui appartient pas, ni à Laurence son épouse. Après moult questions le billet trouvé est promptement dépensé. Le lendemain d’autres billets sont cueillis dans le salon, et de jour en jour la moisson d’euros devient de plus en plus importante, comme s’il en pleuvait ! D’où vient cette manne ? Qui dépose cet argent ? Que faire ? Bruno et Laurence ont des convictions politiques, ils sont de gauche et ne veulent pas céder à un capitalisme éhonté. La situation qu’ils vivent est d’un surréalisme baroque et apolitique. Les solutions qu’ils envisagent ne sont pas satisfaisantes, qui peut leur venir en aide. Appeler la police, mais que déclarer, que mystérieusement ils sont inondés d’argent, et que cela les gêne. D’où vient cet argent ?

Sébastien Thiéry s’est-il inspiré de ces deux proverbes "Plaie d’argent n’est pas mortelle" et "trop d’abondance nuit". On pourrait ajouter que l’argent peut rendre fou. Sébastien Thiéry en démiurge malin, jette ses personnages dans une spirale affolante. La scène où Bruno (Pierre Arditi), tel un Trouhadec saisit par la débauche, revient d’un shopping luxueux est plus que de la pure comédie mais une scène de décryptage sociale assez ébouriffante. Une réplique deviendra culte, « ce n’est pas parce que on est de gauche que l’on doit porter des pulls qui grattent ! » Vive le cashmere en vente libre. De même la bonne Ibérique, interprétée par l’inénarrable Véronique Boulanger, déchaîne dans le public des fous rires incoercibles. Gilles Gaston-Dreyfus, en voisin hallucinant, la lippe torve, l’œil menaçant, est l’élément angoissant ; il ressemble à un cousin de Jack Nicholson. Les dialogues sont d’une efficacité redoutable, les rires arrivent comme rythmés par un métronome infernal. Pierre Arditi est formidable. Bien sûr on connaît son aisance, son sens inné de la scène (dû à un travail acharné), mais il nous étourdit par sa vis comica et son plaisir de jouer est communicatif. Évelyne Buyle est l’élément raisonnable du couple. C’est une femme à principe. Elle sait être drôle sans faire d’effets, sans appuyer le trait. Mais d’où viennent ces euros ? En tous cas nous savons d’où viennent ceux de la caisse du théâtre Edouard VII, c’est la rançon d’un succès pleinement mérité.

Comme s’il en pleuvait de Sébastien Thiéry. Mise en scène Bernard Murat.
Avec Pierre Arditi, Évelyne Buyle, Gilles Gaston-Dreyfus, Véronique Boulanger
Théâtre Edouard VII 01 47 42 59 92

http://theatreedouard7.com

A propos de l'auteur
Marie-Laure Atinault
Marie-Laure Atinault

Le début de sa vie fut compliqué ! Son vrai nom est Cosette, et son enfance ne fut pas facile ! Les Thénardier ne lui firent grâce de rien, théâtre, cinéma, musée, château. Un dur apprentissage. Une fois libérée à la majorité, elle se consacra aux...

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