Paris- Théâtre du Rond – Point jusqu’au 14 novembre 2009
Sextett de Rémi De Vos
Désirs fous
Cette nouvelle pièce de Rémi De Vos - auteur associé au CDDB de Lorient – s’inscrit dans la continuité du compagnonnage artistique engagé avec Éric Vigner, déjà metteur en scène de sa première pièce Débrayage, puis de Jusqu’à ce que la mort nous sépare (2006 -2007). Plus précisément, Sextett apparaît comme un prolongement de cette dernière dans l’évocation d’un nouveau deuil familial et de ses incidences, mais sous un tout autre aspect. On retrouve Simon quelques années après la mort de sa grand-mère, dans la maison de famille – pour laquelle Eric Vigner utilise logiquement le même décor. Cette fois, c’est le décès de sa mère qui justifie sa présence. En urgence, il a quitté l’agence dans laquelle il travaille sur un contrat important, accompagné de sa collègue, Claire, sensée l’assister dans cette épreuve. Soudain, surgissent deux voisines, Blanche et Jane - formant un couple singulier - venues s’excuser des dégâts causés dans le jardin par leur chienne Walkyrie. Mélomanes, elles insistent pour se faire pardonner d’interpréter en duo un lied de Schubert. Survient Sarah, première conquête de Simon, “lavée, récurée, prête à reluire”, bourrée de collagène et de latex, pour “baiser” avec lui. Entourant le mâle, ces femmes le provoquent pour susciter son désir. Même la chienne baveuse appelle la localisation des caresses. Échouant dans son projet de concevoir un enfant avec Claire, Simon se verra révéler ses origines et comment son père est devenu sa mère.
Dans l’ombre de la mort, De Vos a créé un univers totalement disjoncté ou désirs, sexe, fantasmes ou transgressions nourrissent une comédie virevoltante propre à fournir une matière théâtrale dont Eric Vigner s’est emparé avec bonheur. Sa mise en scène exploite avec précision et originalité les ressorts de cette fantaisie, à laquelle il apporte une théâtralité de très belle facture avec inventivité et humour. Autour de Micha Lescot, une nouvelle fois magnifique, les cinq comédiennes sont au diapason et fournissent chacune dans leur registre des partitions épatantes. Maria de Medeiros (Jane), Jutta Johanna Weiss (Blanche), Johanna Nizard (Sarah) et les deux québécoises, Anne-Marie Cadieux (Claire) et Marie–France Lambert (Walkyrie, qui bénéficie d’un beau masque signé Erhard Stiefel ), contribuent ainsi largement au plaisir procuré par le spectacle.
Sextett de Rémi De Vos, mise en scène, décor et costumes, Eric Vigner, avec Anne–Marie Cadieux, Marie–France Lambert, Micha Lescot, Maria de Medeiros, Johanna Nizars, Jutta Johanna Weiss, lumière Pascal Noël, masque Erhard Stiefel. Durée : 1 heure 15. Théâtre du Rond – Point jusqu’au 14 novembre, Comédie de Reims du 17 au 15 novembre, CDN Orléans/Loiret/Centre du 26 au 28 novembre, M.C. Amiens les 1er et 2 décembre, Théâtre de Cornouaille Quimper le 4 décembre, Espace Go Montréal du 12 janvier au 6 février 2010.
Texte publié aux éditions Acte Sud papiers
crédit photographique : Alain Fonteray